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L’invention qui claque

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Sur les plateaux de théâtre, les techniciens utilisent des « colliers belges » pour attacher leurs câbles.
Mais qu’avons-nous à voir avec ces bouts de caoutchouc ? Une enquêteke internationale.

Le « collier belge » dans le théâtre, c’était autrefois un tronçon de chambre à air sur laquelle était fixé un petit morceau de bois, qui permettait d’attacher des câbles sur une perche ou un pont sans devoir faire de nœud. Il existe aujourd’hui en version industrielle, sous forme de boucle en caoutchouc avec une petite excroissance à l’une de ses extrémités.

Pour « pot belge » (cocktail de dopants utilisés dans le cyclisme) et « compromis à la belge » (chèvre-choutisme politique), on voit bien l’apport de notre grande nation à la francophonie. Mais pour cet élastique de machiniste, héritier des années « chambres à air », le mystère des origines reste entier.

Nous avons donc appelé des régisseurs et techniciens belges, français, suisses et canadiens. Richard Joukovsky, qui a plus de 50 ans de technique dans les mains, assure qu’à l’époque où il tournait avec Béjart, « ça n’existait pas » et suggère que le collier belge doit avoir « dans les 20 ans au maximum ». Nous en avons trouvé une définition et une illustration dans un lexique technique français élaboré entre 1996 et 2002.

Collier-belge

Quant à l’origine géographique, plusieurs hypothèses audacieuses suggèrent que ce serait des régisseurs belges qui auraient inventé le bidule. Des collègues français – qu’on imagine hilares – auraient appelé ça « collier belge » et l’auraient adopté aussitôt. Le journalisme d’investigation ayant ses limites, nous proposons de nous en tenir à cette rumeur, toute à l’honneur des techniciens locaux.

Mais un tour final de notre rédaction ouvre d’autres pistes à explorer à l’avenir, si d’aventure un chercheur désœuvré voulait s’emparer du sujet. Il semblerait que du côté de Lille et de Genève (on n’a pas vérifié ailleurs), « collier belge » désigne aussi un simple tendeur utilisé par les campeurs ou les attacheurs de vélos sur des remorques. Et, qu’en Tunisie, il existe un équivalent appelé « clé de chameau », construit sur le même principe mais avec de la laine de dromadaire tressée plutôt qu’avec du pneu (les contraintes du véhicule), et utilisé pour attacher des sacs sur sa monture.

Aujourd’hui, régisseurs et chameliers perdent doucement ce savoir ancestral. Dans le désert, on ne sait pas, mais dans les théâtres, le collier de serrage en plastique « colson » gagnerait progressivement du terrain. « Parce que les colliers belges, nous dit un régisseur français de Suisse, ça fait mal quand on se claque les doigts dedans. » Oui, mais non.

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