L’Empire du mal (épisode 3)

Les experts « indépendants »

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Cyril Elophe. CC BY-NC-ND.

Dans l’épisode précédent : Pour s’imposer sur le marché des opioïdes, le lobby pharma peut compter sur la voix des patients et des associations, qu’il finance largement. Mais contrôler la voix des experts, ce serait encore plus efficace… Et c’est chose faite.

Aux Etats-Unis, plusieurs médias, (dont récemment le site d’investigation ProPublica) ont mis en lumière la démarche financée par la société Purdue Pharma (qui produit l’un des plus puissants opioïdes, l’oxycontin) : financer des experts pour « dénoncer » l’opiophobie ambiante et le mésusage des opioïdes, investir la presse. Sorties médiatiques et publications scientifiques sont les deux canaux privilégiés pour faire entendre ces avis. Avec une constante, qui se dégage dans le secteur de la recherche : c’est celui qui paie qui choisit la thématique de l’étude.

Sommes-nous à l’abri d’expertises orientées en Europe ? Pas sûr. Dans le papier de position de la fédération européenne de la douleur (EFIC, lire l’épisode deux) sur l’usage d’opioïdes dans la douleur chronique, publié dans The European Pain Journal avec tous les apparats d’une publication scientifique (travail collectif, auteurs scientifiques, déclarations d’intérêt…), les scientifiques signalent l’importance d’une prudence, d’un traitement et d’un suivi vis-à-vis des opioïdes, mais évoquent aussi une peur inappropriée et exagérée, ainsi que des restrictions et régulations (vis-à-vis de l’usage non médical des opioïdes) dont résulte une souffrance évitable des patients. Le propos est pertinent, mais un doute subsistera toujours sur l’intégrité du constat : sur les treize auteurs de ce papier, douze déclarent des conflits d’intérêts avec des firmes pharmaceutiques. Etudes, associations de patients, expertises. Tout est en place

À …

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