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À qui la faute ?
Accidents du travail. Episode 3/7
Illustration : Mariavittoria Campodonico
Enquête (CC BY-NC-ND) : Julien Bialas & Louis Van Ginneken
Publié le
Sous-traitance en cascade, pressions sur les travailleurs, flexibilité… les accidents du travail révèlent les limites de notre organisation du travail. Des dysfonctionnements structurels qui provoquent davantage d’accidents.
« Quel drame ! Vraiment, c’est la faute à pas de chance. Si la victime avait été plus prudente, quand même, ça aurait pu être évité… » Ce type de discours, fataliste et culpabilisant, c’est ce qu’on sert généralement à Karl. Le regard de ce conseiller en prévention expérimenté est bien différent. « Si on regarde de plus près les faits, on trouve souvent d’autres causes, plutôt liées à la composition des équipes, à la manière dont les gens sont accueillis et formés. » Avocate spécialisée dans le droit du travail, Sophie Remouchamps abonde dans son sens. « On fait souvent reposer la faute sur l’individu. Dans la réalité, avec une vraie analyse, on va avoir une extrême minorité de cas où il y a une responsabilité individuelle. »
Guy (chauffeur) et Emanuel (ferronnier) étaient pressés par le temps. Angela (aide-ménagère) et Abdul-Azim (ouvrier) n’avaient pas le matériel adapté. German (maintenance) et Raphaël (cordiste) n’ont pas reçu d’instructions assez claires. Etc.
Qui travaille pour qui ? Que produit-on ? À quel rythme ? Dans quelles conditions ? Les accidents du travail soulèvent certains dysfonctionnements dans notre organisation du travail. La sous-traitance, la pression sur les coûts ou encore la flexibilisation du travail sont autant de facteurs qui créent (ou accentuent) un climat accidentogène.