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L’explosion
Textes (CC BY-NC-ND) : Lucie Tesnière
Publié le
À 54 ans, après avoir côtoyé le danger pendant des années, Réal manipule une munition allemande qui lui échappe des mains.
En 2015, Réal est seul au triage, la plateforme où sont ramenés les obus retrouvés en Belgique. Il est 14 h 30. Plus que quelques heures avant de rentrer à la maison. « Je vérifie à ce moment-là une munition allemande de la Première Guerre mondiale, un pot éclairant. » C’est un objet tiré au-dessus du champ de bataille la nuit. Doté d’un mini parachute, il se consume pendant la trajectoire et illumine le terrain.
« Le pot tombe. Je veux le ramasser. Je m’accroupis. Il prend feu. » Des flammes puissantes jaillissent et sont propulsées sur ses genoux, ses mains et sa figure. Brûlure intense. « Je ne panique pas. Je reste calme. Je secoue mes mains. Mes gants chutent. Les flammes rentrent par la manche contre mon bras droit. »
Un collègue accourt et voit son corps en feu. Il l’arrose abondamment. « Je me dis : ça va aller, ça va aller. Je regarde mon corps : je me vois entier. Mes mains sont normales. Ça va. »
Méconnaissable
Avant d’être transféré à l’hôpital civil d’Ypres, Réal appelle sa femme : « J’ai eu un accident, mais c’est pas grave. » Un collègue emmène Marianne au chevet de son mari : « On lui avait mis une couverture argentée, pour ne pas qu’il ait froid. Il n’avait pas l’air d’avoir mal. On lui avait sans doute donné quelque chose. » Dans la soirée, une ambulance conduit Réal au centre des grands brûlés de l’hôpital militaire de Neder-over-Heembeek …