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Le premier jugement
Episode 3/4
Enquête (CC BY-NC-ND) : Pauline Beugnies
Illustrations (CC BY-NC-ND) : Mélanie Utzmann-North
Publié le
Pendant plus d’un an, le policier qui a tiré sur Mawda n’a pas été inculpé. L’enquête et les reconstitutions ont été des moments pénibles pour les parents. Ils ne se sentent ni écoutés, ni respectés. Puis s’ouvre le procès devant le tribunal correctionnel de Mons en novembre 2020.
Fin 2019, un an et demi après le décès de leur fille, le papa, Shamdin, assiste à une seconde reconstitution des faits. C’est un moment très pénible. La juge d’instruction se veut légère pour détendre l’atmosphère. « Qu’est-ce qu’il fait ici, lui ? », dit-elle en désignant le chauffeur présumé de la camionnette convoyant les migrants. Quand on lui indique qui il est, la juge s’adresse à l’interprète en ironisant : « Dites-lui de refaire tous ses gestes. Évidemment pas de refaire pipi, hein… »
Pour les parents de la petite fille kurde, le déroulement de l’enquête est compliqué à suivre. Dans un premier temps, le policier qui a tiré sur la camionnette blanche n’est pas inculpé. Seul le chauffeur retrouvé en Angleterre l’est : il est mis en cause pour « entrave méchante à la circulation avec circonstance aggravante de mort » et « rébellion armée ». Un deuxième homme a été arrêté aux Pays-Bas et extradé vers la Belgique. Il est soupçonné d’être « le passeur ». Les deux hommes sont placés en prison en attendant le procès. Un an et demi plus tard seulement, le policier est inculpé pour « homicide involontaire ». Selma Benkhelifa, l’avocate des parents de Mawda, demande une requalification des faits en homicide volontaire. Pour elle, on ne peut estimer que le tir est accidentel. Un tir, c’est toute une procédure, sortir son arme, la charger et tirer. Il semble que le policier montois venu en renfort sur la poursuite n’a pas reçu …