Épines royales
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Les têtes couronnées du royaume donnent leurs noms à des rosiers génération après génération. Belle courtoisie protocolaire. Mais d’où ça vient ?
L’hôpital Reine Astrid et le tunnel Léopold II sont entrés dans le langage commun depuis belle lurette. Mais connaissez-vous la rose Roi Baudouin et sa petite sœur Fabiola ? La tradition des roses royales est aussi vieille que l’arbre généalogique des Saxe-Cobourg-Gotha. Dernière en date, la « Princesse Astrid » (2018), de couleur crème (comme son frère ?) avec un parfum combinant des notes exotiques d’anis, de lychee et de poire. Mais pourquoi ces noms de la rose ?
« Il s’agit de rendre hommage », nous explique, sans surprise, Frans Thomas, président de la Société royale belge des roses. « Il y a une longue tradition horticole dans les familles royales. Les serres de Laeken en sont un exemple. Les familles nobles cultivent depuis des lustres des jardins qui rivalisent de beauté. » En matière horticole, les Windsor font d’ailleurs de l’ombre aux monarques de Laeken : « La rose Queen Elizabeth est l’une des plus populaires au monde », nous informe Frans.
La tradition de couronner les roses remonte au début du XIXe siècle, lorsque les horticulteurs commencent à baptiser leurs créations. D’abord par leur nom, puis avec celui des célébrités de l’époque : papes, comtesses, maîtresses. En France, Joséphine de Beauharnais commande à son jardinier un rosier à son nom. La future première reine des Belges, Louise d’Orléans, figure également parmi les pionnières. Elle reçoit « son » rosier en 1829 !
Cette mode doit beaucoup aux rosiéristes de l’époque, et encore plus à Mendel, le moine scientifique qui mit au point la théorie de l’hérédité. Grâce à l’hybridation, on peut désormais croiser des parents génétiquement différents pour générer des plants plus odorants ou résistants. Une technique éprouvée par les monarchies de l’époque, qui s’y connaissaient déjà bien en croisement génétique. Le mariage de Léopold I, en 1832, est ainsi arrangé avec Louise d’Orléans pour s’assurer de la légitimité de la nouvelle dynastie. En renforçant la famille Saxe-Cobourg, la descendante de Louis XIV importe avec elle la tradition des rosiers. La même année est d’ailleurs créé le « Reine des Belges », un grimpant vigoureux, selon les horticulteurs.
Depuis, moult princesses ont un rosier à leur nom. Et à leur image ? Selon bestselect.be, le rosier Princesse Mathilde est un arbuste au « port vigoureux, au beau feuillage dense et aux fleurs rouges larges ». Choyés par les monarques, les rosiers sont multipliés à l’infini. Il y en aurait aujourd’hui plus de 40 000 variétés. Certaines branches de l’arbuste monarchique sont encore délaissées. Si Lady Di possède deux rosiers à son nom, Delphine de Saxe-Cobourg n’a, jusqu’ici, donné son nom à aucun arbrisseau épineux. Un nouveau malaise en vue.
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