Pratiques de photographes
Ils et elles nous parlent de leurs réalités
Textes (CC BY-NC-ND) : L’équipe de Médor
Publié le
Le monde entier prend des photos du matin au soir. Depuis 10 ans, Médor publie des portfolios de photographes. Que font-ils de plus que nous, avec nos smartphones ? Quelle est leur vie, leur lien avec leur sujet ? Comment se définissent-ils ? Cinq d’entre elles et eux nous parlent de leur travail.
Vincen Beeckman
« Ma démarche, je la vois plutôt comme du documentaire participatif. J’essaye d’inclure au maximum les personnes que je photographie dans mes projets. Ce sont des projets collectifs, plus larges que la photo. Ça peut englober des textes, des dessins, de la poésie. C’est un travail à long terme, où je suis en relation avec mes sujets sur des années, voire des décennies ! C’est participatif, même lors de la restitution (exposition), où les sujets sont présents et ont leur mot à dire. »
Serena Vittorini
« Mon travail intègre la photographie, l’installation, l’audio et la vidéo. Cette approche multimédia et hybride explore de nouvelles formes de langage visuel qui me semblent nécessaires. La réalité n’est jamais perçue de manière objective ; dès l’instant où nous ouvrons les yeux, notre perception est filtrée par nos expériences et connaissances personnelles. Pour moi, la photographie est donc un outil de transfiguration de la réalité. Et cette interprétation est toujours un acte politique, de prise de position par rapport au monde. En choisissant quoi photographier et comment, je fais une déclaration sur ce que je crois être important de mettre en question. »
No Sovereign Author — Maroussia Prignot & Valerio Alvarez
« On qualifie notre approche de “documentaire collaboratif”. Il s’agit pour nous de traiter d’un sujet – souvent social – et d’impliquer les personnes qu’on photographie. Pour chaque projet, on va inventer des manières de faire participer les gens, en cherchant aussi à garder une trace des rencontres, des liens qui se sont créés. La photographie est une grande menteuse. On peut faire dire tout ce qu’on veut à une image. »
Marin Driguez
« Ça m’énerve quand on me dit que je ne suis “que” photojournaliste. Je considère mon travail comme documentaire. C’est en tout cas cette approche-là que je défends pour mon sujet sur les hôpitaux publics bruxellois sur lequel je travaille depuis six ans. Mais je travaille également beaucoup sur l’actualité, en commande pour la presse, et là je suis fatalement plutôt photojournaliste. Qu’est-ce qui distingue la photographie d’art, documentaire, photojournalistique ? Je crois que les frontières sont poreuses, et j’aime à penser pouvoir naviguer entre tout cela, sans pour autant devoir être rangé dans une case. »