Aide à Médor
Médor, c’est avant tout une histoire collective, un projet horizontal, à hiérarchie tournante, réalisé avec des logiciels et des collaborateurs libres. Vous avez aimé Médor ? En voici les cuisines. Avec un menu spécial : l’aide à la presse.
Chez Médor, l’aide à la presse, c’est comme l’écriture inclusive : un sujet qui nous occupe depuis longtemps et fait couler pas mal de salive. Il s’agit d’un soutien accordé par la Fédération Wallonie-Bruxelles à ses médias. Il y avait les « pour », les « contre ». La question de l’indépendance. Puis le conseil d’administration avait tranché :
- NON à tout subside qui influencerait directement ou indirectement nos productions journalistiques. Pas de soutien lié spécifiquement à un sujet sur lequel nous travaillons. Nous n’irons pas, par exemple, demander de l’argent à des ministres de la Culture pour créer une rubrique « artistes belges » dans nos pages. Pas non plus de subsides trop importants, pour que la viabilité de la coopérative n’en dépende pas.
- OUI à un soutien structurel à notre activité, sans que nous devions justifier quoi que ce soit dans nos choix rédactionnels, et à condition que les critères d’octroi soient clairs et transparents. C’est le cas de l’aide à la presse.
Dans notre catégorie, celle des périodiques non commerciaux (avec peu de publicités), cinq revues (Imagine DLM, Politique, Revue Nouvelle, L’Appel et Kairos) bénéficiaient déjà de cette aide.
Alors pourquoi pas Médor ?
« Parce que vous êtes organisés en coopérative », nous répondit en substance le cabinet du ministre des Médias (à l’époque, Jean-Claude Marcourt), il y a quelques années. Cette forme de société peut engranger des bénéfices, contrairement aux asbl. « Mais, mais, mais, avons-nous justifié… Nous avons 1 000 coopérateurs et coopératrices avec nous ; ils ont accès à nos comptes, participent aux décisions de l’AG, connaissent l’origine de nos fonds. Nous n’inventons pas de lectorat pour attirer plus de pub. Difficile d’être plus transparent et démocratique qu’avec une structure comme la nôtre. » Selon nous, les balises étaient suffisantes pour garantir que cet argent n’aille pas dans la poche de quelques actionnaires véreux mais puisse être investi dans l’objet social du projet, à savoir informer.
La seule manière de bénéficier de cette aide était de créer une asbl, à côté de notre coopérative. Médor a refusé. On n’allait pas inventer une structure et renier nos principes parce qu’une loi était mal faite. C’est la loi qu’il fallait changer. Et nous n’avons donc pas reçu l’aide à la presse. Depuis lors, la revue Wilfried s’est réorganisée en coopérative. Le personnel de L’Avenir a créé la sienne. Le magazine Tchak a vu le jour, sous la même forme juridique. La donne avait changé ; le cabinet aussi. La nouvelle ministre des Médias, Bénédicte Linard, a ouvert le débat et, le 16 septembre 2020, elle annonçait que les aides à la presse périodique non commerciale seraient étendues aux coopératives. Des 500 000 euros disponibles pour cette catégorie de médias en 2020, Médor en a reçu 71 428,57, ce qui correspond à 17 % de notre chiffre d’affaires.
C’était bien la loi qu’il fallait changer.