L’Agence tous risques zéro
Lait cru et Afsca
Hygiénisation à outrance de nos consommations, massacre des productions artisanales, cheval de Troie de l’agrobusiness. Dix-sept ans après la crise de la dioxine, l’Agence fédérale pour la sécurité alimentaire (Afsca) n’a jamais été autant critiquée. À tort ? Plongée estivale dans le lait cru et la NASA.
Le lait cru est un produit magnifique. » Daniel Cloots s’extasie devant les cuves en plastique où macère paisiblement le liquide jaune et blanc. Dans les pièces à côté, réfrigérées et aseptisées, des centaines de fromages reposent sur des étagères en inox. Lait de vache, de chèvre ou de brebis, au total, 600 000 litres mûrissent chaque année dans son atelier dernier cri adossé à la Fromagerie du Gros Chêne à Méan (Marche-en-Famenne). En 30 ans, ce fromager au lait cru a vu le métier évoluer. « L’Afsca et moi, on a mûri ensemble. Les débuts ont été difficiles mais, avec le temps, on a appris à se connaître. »
José Munnix, lui aussi, a appris à connaître l’Afsca. L’agence a saisi en juin 2015 la production de fromage de Herve au lait cru du fermier. Elle y avait détecté la terreur du lait cru, la listeria monocytogenese, bactérie responsable de la listériose, dangereuse chez les jeunes enfants et les personnes âgées. José Munnix, proche de la retraite, a décidé de cesser son activité dans la foulée. Émoi au sein de l’opinion publique qui, à son tour, en fait un fromage. Pour Serge Peereboom (coprésident du MAP – Mouvement d’agriculture paysanne), l’Afsca prépare « un monde aseptisé et inondé de produits insipides » et s’acharne sur les petits producteurs locaux au profit de l’agro-industrie. Une polémique venue s’inscrire sur une liste déjà longue dont la plus récente concerne la tarte au riz1 de Verviers.
Ces tartes, l’Afsca les reçoit …