Rex en Technicolor
Du populisme à la collaboration
Enquête (CC BY-SA) : Quentin Noirfalisse & David Leloup
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Sous le regard du portrait géant de Léon Degrelle, parti au front de l’Est depuis le 8 août 1941, le chef ad interim de Rex, Victor Matthys, harangue la foule. Toutes les composantes du mouvement rexiste sont là. Assises à gauche, en kaki, les jeunesses rexistes masculines. Assises à droite, en blanc, les jeunesses féminines. En noir, des milices : les Gardes wallonnes et les Formations de combat. Au fond, à gauche, on distingue des uniformes de la Wehrmacht portés par des rexistes belges ou des Allemands.
Médor a mis la main sur plusieurs centaines de photos inédites du mouvement rexiste, créé par Léon Degrelle. Colorisés, ces clichés pris juste avant et pendant la guerre 1940-45 nous plongent dans les entrailles d’un des derniers tabous belges : celui de la collaboration francophone avec l’Allemagne nazie.
Milieu des années 30, Louvain. Dans un contexte économique désastreux, Léon Degrelle fait la promo de son hebdomadaire Rex, lancé en 1932. Ses militants sont majoritairement des étudiants catholiques : certains portent la calotte, couvre-chef de l’Université de Louvain. Désormais organisés en parti, les rexistes remportent 21 sièges parlementaires aux élections de 1936. L’année suivante, lors d’une élection partielle, Degrelle sera sèchement battu par le Premier ministre Paul Van Zeeland, soutenu par tous les autres partis, y compris les communistes.
1er avril 1944, Charleroi. Après la défaite électorale de 1937, le rexisme s’enfonce dans le fascisme et l’antisémitisme, s’alliant de plus en plus avec l’Allemagne nazie et perdant au passage de nombreux militants. À quelques mois de la Libération, dans une cérémonie de propagande, une foule de partisans rexistes salue le retour des « héros » de la bataille de Tcherkassy (janvier-février 1944), où 2 000 Wallons ont combattu l’Armée rouge au sein de la Waffen-SS.
16 février 1944, dans une gare belge. Des Jeunesses rexistes attendent un train pour l’Allemagne nazie, en direction d’un « camp » organisé par les Jeunesses hitlériennes. C’est devenu une habitude depuis le début de l’Occupation. Pour les parents, il s’agit aussi d’un moyen d’éviter à leurs enfants les bombardements et de leur assurer une alimentation convenable.
Déjà présentes avant la guerre sous le nom de Cadres actifs de propagande, les Jeunesses rexistes sont dissoutes par les autorités en janvier 1937 mais renaissent à Liège en août 1940. Les filles y sont présentes …