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Valérie Havart : l’envers des prisons

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Colin Delfosse. CC BY-NC-ND.

Postée à quelques rues de la Grand-Place, la prison de Huy est l’un des plus petits établissements pénitentiaires du pays. Un bâtiment « dans son jus », construit en 1871. Directement à gauche après la porte d’entrée, Valérie Havart, directrice de la prison, nous accueille dans un décor fait de carrelage en damier, papier peint saumoné et huisseries en bois. À 41 ans, cette native d’Oupeye, formée en psychologie et en criminologie, pour qui travailler en prison n’a « jamais été une fin en soi », a déjà pas mal roulé sa bosse dans les geôles du Royaume. En 2004, elle débarque à Andenne, un établissement forteresse de 400 détenus. Dix ans plus tard, elle rejoint l’équipe de direction chargée de préparer l’ouverture de la prison de Marche-en-Famenne, projet innovant pensé de façon plus « ouverte ». De quoi « bousculer » son idée du monde carcéral. En mars 2018, la voilà qui débarque à Huy, son « ambiance familiale » et sa vingtaine de prisonniers de trop par rapport à ses 63 places initiales. Femme de terrain, Valérie Havart raconte son expérience sans discours ampoulé. Son objectif est d’individualiser le parcours du détenu, dans une infrastructure à la force d’inertie implacable. Jour après jour, elle jongle entre demandes de congés pénitentiaires, réinsertion, normes Afsca, réglementations incendie et grèves du personnel.

M La Belgique est le quatrième pays européen en matière de surpopulation carcérale, avec 10 723 détenus pour 9 216 places disponibles. Aucune solution viable ne semble émerger. Pourquoi ne pas tout simplement supprimer la prison ?

V.H.Et me mettre au chômage ? Pas question. J’aime bien mon boulot, moi. Non, je ne pense pas qu’on puisse supprimer la prison en tant que lieu physique pour le moment. La surveillance par bracelet électronique ne va pas à tout le monde. Le système n’est pas encore très efficace et il est difficile à tenir pour les détenus. Si vous avez dix minutes de retard sur l’horaire de rentrée, vous êtes signalé par un programme informatique. Moi je reçois cela, mais je ne connais pas le contexte du retard. Si un détenu a un quart d’heure de retard, puis 23 minutes la semaine d’après, puis une heure une autre fois, je peux ajouter un jour à sa détention. Mais sans éléments pour affiner mon analyse.

M Le bracelet électronique ne convient donc pas à tout le monde ?

V.H.Il y a des gens qu’on met directement sous bracelet électronique pour les courtes peines et pour lesquels nous devons évaluer le processus à distance. Le problème c’est qu’on ne connaît pas ces détenus. Il faudrait surtout un suivi sur place, plus fréquent et régulier. Le bracelet est déjà difficile à mettre en place pour quelqu’un qui a pris six mois, alors imaginez pour quelqu’un qui est condamné à cinq ans ou vingt ans. …

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