12min

Les larmes du Rif

les-larmes-du-rif
Pauline Beugnies. CC BY-NC-ND.

Depuis octobre 2016, la diaspora marocaine en Belgique s’organise pour soutenir le Hirak du Rif, un mouvement social complètement réprimé au Maroc. Dans ce combat à distance, Hayat et Mohamed se sont rencontrés, aimés, mariés. À deux, ils ont aussi goûté aux divisions et coups bas de la face belge du Hirak. Récit d’une militance, entre espoir et amertume.

26 juin 2018 Dans leur salon de jeunes mariés, cocon rose et molletonné au centre de Bruxelles, Hayat Abirkane et Mohamed Aadel ont les yeux rivés sur leur téléphone. L’annonce vient de tomber. Après neuf mois de procès, la cour d’appel de Casablanca condamne 53 militants du mouvement citoyen « Hirak », né dans le Rif, au nord du Maroc. Nasser Zefzafi, visage de la contestation, écope de vingt ans de prison ferme pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’État ».

Pour la première fois, Hayat voit son mari pleurer. À 33 ans, Mohamed en paraît dix de moins. Les années n’ont pas creusé ses joues et ses sourcils arqués soulignent un regard déterminé. Hayat, 23 ans, attache ses longs cheveux noirs. La déception voile son visage.

Ces peines de prison ébranlent deux années de solidarité à distance avec le Hirak, élan citoyen de protestation des Rifains qui réclament au pouvoir en place plus d’investissement dans les infrastructures et les services ainsi qu’une reconnaissance de leur culture amazighe (berbère).

Mohamed résume en un statut Facebook les sentiments qu’il partage avec le reste de la communauté rifaine : amertume, impuissance, colère. « Surtout, de la colère. » Comme 80 % des membres de la communauté marocaine de Belgique, Hayat et Mohamed sont originaires du Rif.

Depuis la Belgique, ils ont suivi chaque étape du mouvement, des premières protestations d’octobre 2016 dans la ville côtière d’Al Hoceïma, qui assiste de loin au développement du Maroc, au …

Lire, en toute liberté

Cet article semble vous intéresser. Vous pouvez lire la suite à votre aise : c’est un cadeau. Nos contenus doivent être accessibles au plus grand nombre. La période d’essai d’un mois, gratuite et sans engagement, est également faite pour cela. Cependant, nous avons besoin d’être financés pour continuer notre projet. Si vous trouvez notre travail important, n’hésitez pas : abonnez-vous à Médor.

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3628 abonnés et 2013 coopérateurs

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus