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Quitter Bruxelles, « choisir » Alost
Enquête Bruxelles et ses loyers. Episode 2.
Photos (CC BY-NC-ND) : Colin Delfosse & Laura Collard
Texte (CC BY-NC-ND) : Catherine Joie
Publié le
De plus en plus de Bruxellois(e)s d’origine subsaharienne déménagent en Flandre orientale. La vallée de la Dendre, moins chère que Bruxelles, leur permet d’acheter à crédit une maison à rénover, revendue par des propriétaires blancs et vieillissants. Elle leur permet aussi de sortir du marché locatif étouffant de la capitale. Super ? Oui, sauf qu’en parallèle, l’extrême droite (N-VA et Vlaams Belang) gagne du terrain à Alost et à Denderleeuw, en capitalisant sur la population autochtone, parfois mécontente de cette évolution rapide de la diversité. Aaaah, les loyers bruxellois et leurs conséquences.
En 2023, l’administration flamande a fait analyser le parcours résidentiel de l’ensemble de sa population, soit 6,5 millions de personnes. Qui vit où ? Qui vient d’où ?
Le constat général, tiré de cette immense étude démographique, tient en un mot : superdiversiteit. En trente ans, de 1990 à 2020, l’ensemble de la Flandre s’est diversifié, les villes en premier lieu, puis leurs périphéries. C’est un peu le même phénomène qu’en 1950/60/70, explique Dirk Geldof, sociologue à l’Université d’Anvers et membre du panel chargé d’analyser ces mouvements de population. Sauf qu’auparavant, dit-il, la périurbanisation (ou l’étalement urbain) était le fait de personnes blanches, autochtones. Désormais, elle émane de personnes d’origine non belge, racisées, appartenant à des minorités visibles.
« On constate, entre autres, la diversification de toute la région autour de Bruxelles », poursuit Dirk Geldof, puisque des Bruxellois(e)s quittent la ville et que la majorité de la population bruxelloise est d’origine non belge.
Ainsi, les déménagements bruxellois transforment le Brabant flamand, en reproduisant les fractures socio-économiques qui scindent déjà la capitale :
- le sud-est de la Région, riche et composé de nationalités UE15 et OCDE, migre à Tervuren ;
- le nord-est, précaire et d’origine plutôt maghrébine, déménage à Vilvorde ;
- le sud-ouest, classe moyenne, communautés espagnoles et portugaises, sort de Bruxelles à l’ouest, côté Dilbeek.