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Sasha est atteinte du syndrome de Rokitansky, ou MRKH. Comme environ une femme sur 4 500, elle est née sans vagin et sans utérus. Pour « corriger » son anormalité, elle est opérée à l’adolescence. Mais, après la vaginoplastie, Sasha enchaîne les complications et sa vie devient un enfer. L’affaire traîne en justice depuis près de dix ans.
4 juillet 2010. À son réveil, Sasha ne sent plus son corps, des orteils au bassin. Rien. Pas la moindre sensation. Et, cerise sur le gâteau, elle a toujours autant mal au ventre.
Elle vient de subir une opération rare, censée apaiser les douleurs fortes résultant d’une autre intervention chirurgicale, loupée, consistant à lui créer un vagin. Elle panique. « La sensibilité va revenir, c’est normal », lui rétorque le médecin. Il est surtout préoccupé par la bonne continuité des dilatations vaginales, essentielles pour que la jeune fille puisse avoir « une sexualité épanouie ». Sasha ment et prétend désormais les faire toute seule. En réalité, les dilatateurs sont cachés au fond de sa valise, là où elle ne peut les voir. Maintenant que le gynécologue ne la touche plus, elle ne veut plus s’infliger une telle torture.
L’incompréhension totale
Pourquoi Sasha ne parvient-elle quasiment plus à marcher ? C’est à peine si elle tient debout sur ses deux jambes. Après plusieurs semaines d’examens qui ne montrent rien, les médecins envisagent l’origine psychogène des maux de l’adolescente. Sasha ne se sent pas bien à l’hôpital et ses soucis disparaîtront dès qu’elle reprendra une vie normale. Elle est renvoyée à la maison.
Débute alors un long parcours du combattant durant lequel Virginie, la maman de Sasha, sillonne les centres de soin pour soulager les maux de sa fille. Les services se rejettent la balle. Ils ne veulent pas de la « patate chaude », comme l’aurait dit un jour le chef de service d’un hôpital …