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Tueries du Brabant : et si c’était les Américains
Printemps 1998 : la secrète délégation belge
Enquête (CC BY-NC-ND) : Philippe Engels
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Au début des années 1980, les Tueurs du Brabant ont assassiné 28 personnes, le plus souvent dans des grandes surfaces. Braqueurs, gendarmes ou extrémistes de droite : toutes les hypothèses ont été testées. Sauf une. Celle d’une implication majeure des États-Unis. À l’époque, la menace communiste obsédait la première puissance mondiale. Dans plusieurs pays d’Europe, les services secrets américains auraient déstabilisé l’État, les gouvernements pour forcer un coup de barre à droite. Médor publie des documents exclusifs montrant qu’en 1998, les chefs d’enquête du dossier « Tueries » se rendent en Italie, qu’ils croient à cette thèse, puis qu’ils… refusent de coopérer avec la justice italienne.
La CIA, les renseignements militaires américains (la DIA) et, en fait, le gouvernement des États-Unis sont-ils impliqués dans les Tueries du Brabant ? Bientôt 35 ans après le dernier braquage violent des années 1982 à 1985, ayant coûté la vie à un minimum de 28 innocents, souvent à l’heure de pointe et dans des supermarchés de la région bruxelloise, la plus importante série criminelle de notre histoire reste insoluble. Six générations d’enquêteurs se sont limés les dents sur ce mystère. Elles ont suivi la piste de simples braqueurs, imaginé qu’il y avait une seule bande de tueurs, ou plusieurs. Elles ont testé le mobile d’une déstabilisation de l’État par l’extrême droite, très infiltrée à l’époque dans l’armée, la gendarmerie et même les milieux politiques. Mais la justice belge n’a jamais mis en cause les USA. Ou plutôt : la Belgique a enfoui le « problème ».
Faire peur aux populations européennes, bousculer leurs gouvernants en brandissant la menace communiste, incarnée à l’époque par l’URSS (aujourd’hui, la Russie), obtenir un alignement de leurs alliés sur une politique ultra sécuritaire : cette thèse éminemment politique et géostratégique signifierait que les États-Unis auraient laissé faire – voire encouragé – différentes formes d’attentats dans quatre pays au moins : la Belgique, le Luxembourg, l’Italie et l’Allemagne (dont Médor vous parlera demain, dans un épisode 2). Une stratégie de la tension. À défaut de parler d’un réel terrorisme d’État.
Raisonnement saugrenu, théorie du complot ?
Médor publie des documents inédits qui indiquent l’inverse. Ils prouvent …