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L’argent public du clic
Facebook et propagande politique
Texte (CC BY-NC-ND) : Guillaume Derclaye & Jehanne Bergé & Éric Walravens
Illustration (CC BY-NC-ND) : Camille Potte
Publié le
Toujours plus d’argent, pour plus de likes et plus de propagande. Les réseaux sociaux ont complètement bouleversé le jeu de la communication politique. En Belgique, les partis fourbissent leurs armes numériques en vue des élections de 2024. Et notre petit pays ne fait pas dans la demi-mesure.
10 avril 2018. Mark Zuckerberg, blanc comme un fantôme, yeux rougis, se fait cuisiner au Sénat américain. Facebook est dans l’œil du cyclone, pointé du doigt pour favoriser aux États-Unis la radicalisation de l’opinion publique, via ses publicités politiques et ses algorithmes favorisant le clivage et l’extrémisme.
Le sénateur Orrin Hatch pose la question à un milliard : « Comment parvenez-vous à maintenir un business model pour lequel les utilisateurs n’ont pas à payer ? » Zuckerberg le regarde comme si le sénateur posait une question absolument stupide. « Sénateur, nous diffusons des publicités. » Avant de décocher un sourire cynique.
En Belgique, Facebook a trouvé un client de choix : les partis politiques. Ceux-ci ont un avantage. Contrairement à une entreprise normale, leur "chiffre d’affaires" provient directement de la dotation publique, donc de l’argent du contribuable, qu’ils reçoivent chaque année.
En 2021, les partis belges ont dépensés 4 millions d’euros en publicités payantes sur Facebook. Trois pages de parti (le Vlaams Belang, la N-VA et le PVDA, l’aile flamande du parti unitaire PTB/PVDA) figurent dans le top 5 européen des partis qui dépensent le plus en publicités politiques payantes sur Facebook. Vlaams Belang et N-VA devance de loin, d’ailleurs, la puissante CDU d’Angela Merkel et un parti écologiste allemand, actifs, eux, sur un territoire de 90 millions d’habitants.
Pour aboutir à ces chiffres, Médor et le collectif Adlens, ont …