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Partir ou rester ?

Asile

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Colin Delfosse. CC BY-NC-ND.

C’est un village dans le village. Il y a vingt ans, le centre Croix-Rouge pour demandeurs d’asile Chantecler prenait ses quartiers à Oignies-en-Thiérache (Viroinval). Depuis, 5 000 personnes sont passées par ce lieu d’accueil. Et quand elles obtiennent un titre de séjour, une question s’impose à elles : s’établir dans ce village de campagne ou tenter sa chance ailleurs ?

Assis sur la banquette arrière de son taxi, Pierrot sent la moiteur de ses paumes posées sur ses genoux. Dans sa rétine se reflète un paysage wallon verdoyant qui le déconcerte un peu. Il a quitté Bruxelles il y a une bonne heure, où un agent du CGRA l’a mis dans un taxi en lui lâchant un « On va te traiter comme un ministre » qu’il a eu du mal à interpréter. Il apprendra plus tard que, d’ordinaire, les demandeurs et demandeuses d’asile rejoignent les centres d’accueil en train.

Le chauffeur semble lui aussi tout ignorer de leur destination. Quand son passager lui demande où ils vont, il répond : « Je ne sais pas. Je ne fais que suivre mon GPS. » Chimay, Couvin, Viroinval… Pierrot se concentre pour fixer ces noms exotiques dans sa mémoire. La voiture roule sur de longs serpents de bitume cabossés par endroits, emprunte des lacets en béton bordés d’arbres. Et puis des murs en grès, des pierres grises et beiges qui recouvrent les façades des maisons. Le trajet dure une éternité, peut-être plus. Au bout d’une route plus étroite que les autres, le taximan met son clignotant et tourne à gauche.

Il se gare sur le parking faisant face à un bâtiment plus large que haut et aux châssis bordeaux. Ça ressemble à une maison, mais en plus grand.

C’était le 2 juin 2022. Pierrot pense alors qu’il en a pour quelques jours, tout au plus. Ensuite, il sera logiquement transféré à Bruxelles, où il a beaucoup de contacts, dont son frère. Ressortissant de la République démocratique du Congo, ce juriste de formation a été, avant l’exil, défenseur des droits humains au sein d’une organisation internationale. Sous cette casquette, il a dénoncé des crimes contre l’humanité commis par des hommes en armes et des élus congolais. Plus tard, après s’être fait le porte-voix des victimes de la traite des êtres humains au Gabon, il a été la cible de groupes mafieux des deux pays. La situation est alors devenue si menaçante qu’il a décidé de prendre la route pour l’Europe.

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Première neige à Oignies.
Colin Delfosse. CC BY-NC-ND

L’atterrissage à Oignies-en-Thiérache, dans la commune de Viroinval, aux confins de la Belgique, est brutal. À 70 ans, l’homme est catapulté dans l’un des 29 centres d’accueil pour demandeurs d’asile de la Croix-Rouge en Belgique francophone. Une coloc de Babel de 186 personnes issues de 19 nationalités différentes. Il est sommé de partager l’intimité d’une chambre à coucher avec cinq autres inconnus, tous plus jeunes.

On lui apprend alors qu’il mangera au réfectoire et à heure fixe, trois fois par jour. Une formule all inclusive, dépaysement compris. On l’avertit aussi : des navettes Croix-Rouge effectuent plusieurs allers-retours sur la journée vers et au départ de Couvin, le centre urbain le plus proche, mais il faut impérativement réserver sa place 24 à 48 heures avant. Pour ce père de quatre enfants, propriétaire d’une vaste demeure au Congo, le déclassement est dur à avaler. Comme la sensation de se faire voler une partie de sa liberté.

Le soir de son arrivée, il est si tourmenté qu’il marche jusqu’à atteindre le centre du village, à la recherche du curé, qui se trouve être d’origine congolaise. Un semblant de familiarité, juste un peu de réconfort.

Une vie normale

À mesure que se succèdent les saisons, sa douleur ralentit. Pierrot s’accommode de sa routine. Ayant le contact facile, il se fait de bons amis dans le village d’Oignies, dont un médecin généraliste et l’actuel bourgmestre. À Chantecler, celui qui a aussi été enseignant dans le supérieur à Kinshasa est même sollicité pour dispenser des cours d’alphabétisation aux résidents. Savoir qu’il est utile à autrui l’aide à traverser ses propres tourments.

Deux ans et huit mois après son arrivée, le septuagénaire estime qu’il vit dans cet endroit « presque normalement ». Il sait que ce refuge est une parenthèse, qu’il attend de refermer avec impatience. En moyenne, les résidents restent ici un an et demi.

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Pierrot.
Colin Delfosse. CC BY-NC-ND

Les 25 enfants du centre sont tous scolarisés. La plupart d’entre eux ont moins de 12 ans et fréquentent l’école communale d’Oignies. Les plus grands vont s’asseoir sur les bancs d’une école secondaire à Chimay, l’autre grande ville toute proche. Dans les deux cas, une classe Daspa ou « passerelle » accueille ces primo-arrivants. On y donne des leçons adaptées à leur niveau et à leurs connaissances linguistiques. Parfois, on démarre de zéro. L’objectif est d’intégrer, à terme, une classe ordinaire.

Des enfants qui se rendent aussi, tous les mercredis après-midi, à la maison de jeunes (MJ) de Viroinval. Là, les attendent deux jeunes animatrices, Sorenza et Élise. Thomas, Noé, Meriem, Ismaël, Anas, Ethan, Alessandro, Alyssa, Mathias arrivent au compte-gouttes. Ils ont entre 6 et 12 ans, et une complicité non feinte. Ça s’ébroue, ça rigole, ça crie, ça vit.

Les jeunes de la MJ entretiennent des liens étroits avec les résidents du home du village. Que ce soit pour taper la carte ou faire des crêpes, à ce moment-là, deux mondes se croisent et on oublie, le temps d’une après-midi, l’insondable gouffre qui les sépare.

À Oignies, personne ne peut nier que sans l’inscription des enfants du centre d’accueil pour demandeurs d’asile, la petite école communale aurait depuis longtemps fermé des classes, voire aurait fermé tout court. Sur les 31 élèves du primaire, 10 sont de Chantecler. En maternelle, ils sont 8 sur 15. Il est possible que la fréquentation de ces enfants ait même sauvé des emplois d’institutrices, concède le bourgmestre socialiste Jean-Marc Delizée.

Loin de l’emploi

C’est l’un des points noirs sur le visage de la vallée du Viroin. Si elle est éloignée d’à peu près tout, elle l’est surtout de l’emploi. Historiquement, la commune de Viroinval était une terre d’ardoisières, de saboteries, d’industries florissantes d’après-guerre. L’effondrement de sites industriels dès la fin des années 70 va laminer l’emploi et provoquer l’exode des jeunes diplômés. Actuellement, son taux de chômage s’élève à 18 %. Quant au revenu annuel médian par habitant, il est de 23 930 €. Soit un peu plus de la moitié du revenu médian à Attert (42 211 €), dans la province de Luxembourg, commune la plus riche du royaume. Elle figure ainsi dans un triste palmarès, celui des communes les plus pauvres de la province de Namur. À Viroinval, 14,8 % de la population a un revenu inférieur au seuil de pauvreté national.

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Une jeune demandeuse d’asile à la maison des jeunes de Oignies-en-Thiérache. Le centre d’accueil Croix-Rouge « Chantecler » a ouvert en 2005 sur l’ancien centre de vacances des Femmes prévoyantes socialistes de Charleroi. Le programme radical du gouvernement De Wever en matière d’asile veut réduire le nombre de demandeurs et donc le nombre de places disponibles, tout en durcissant les conditions d’accès.
Colin Delfosse. CC BY-NC-ND

Se blottissant dans les bras du Parc naturel Viroin-Hermeton, Oignies est un village clairière d’un peu plus de 800 habitants, vieillissants. Ses paysages et points de vue remarquables constituent un patrimoine naturel d’exception, l’une de ses dernières richesses. Son territoire est grignoté par des villages de vacances, des gîtes et des campings, de luxe ou non. Tout le monde veut y passer ses vacances, personne ne veut y vivre.

Ici, des commerces, il n’y en a pas beaucoup. La boucherie, la boulangerie, la supérette n’ont pas le luxe d’embaucher. Or, pour les résidents du centre qui le peuvent (sous certaines conditions, le temps de la procédure), travailler est souvent crucial. Ils vont là où les perspectives professionnelles existent, en l’occurrence Gand, Bruxelles ou Anvers.

Les offres de stages non rémunérés sont un peu plus faciles à trouver. En deuxième et dernière année de formation pour devenir aide-soignante, Aminata suit des cours théoriques à l’École de promotion sociale de Couvin trois jours par semaine, et est stagiaire à la maison de repos du village, les jeudis et vendredis. « J’ai un diplô­me de sage-femme en Guinée et j’ai travail­lé dans un centre de santé. Mais, apparemment, ce n’est pas reconnu en Belgique », glisse-t-elle.

Pour être à l’heure aux cours, la jeune femme de 38 ans prend l’un des deux seuls bus de la journée, à 7 h 20 du matin. Le soir, elle ramasse ses affaires sans traîner pour espérer attraper le second et dernier moyen de transport de la journée, à 16 h 30. Le mercredi, l’ultime bus passe à midi et il faut donc faire du stop pour rentrer au centre. Voilà son quotidien depuis deux ans.

Cela fait de nombreuses années que la directrice du home reçoit des résidentes du centre en stage. Mais la patronne des lieux ne le cache pas : parmi ses clients, deux refusent qu’une dame noire entre dans leur chambre. « Quand ça arrive, on les recadre et on se met en colère. Ça reste des exceptions sur les 60 résidents de notre maison de repos. On essaie de protéger nos travailleuses qui sont d’ailleurs très soudées entre elles. »

Du soutien, Aminata, qui a deux jeunes enfants restés au pays, a pu aussi en trouver à Chantecler, sa « première maison en Belgique », et notamment parmi les corésidents…

L’un des nombreux risques de l’exil, c’est d’être loin des siens quand ils viennent à disparaître. Le 13 octobre 2024 est le jour où Pierrot est devenu veuf. Le plan, à la base, c’était qu’il arrive en Belgique en premier, et que son épouse le rejoigne une fois les papiers en poche. Mais la maladie a pulvérisé leur projet. Le deuil impossible a déposé un voile sombre devant ses yeux.

9,90 €/adulte par semaine

Les retombées économiques générées par Chantecler sont directement liées aux emplois créés au sein du centre. 24 personnes, principalement de la région, sont engagées par la Croix-Rouge. Un chiffre « non négligeable », reconnaît le mayeur. Sa commune perçoit un montant annuel du fédéral pour payer un travailleur supplémentaire au service Population et État civil de l’administration communale. À côté de ça, il y a les retombées économiques indirectes. « Si on a un problème électrique, de plomberie ou autre dans le centre, on fait appel à une entreprise locale, assure Marielle Déola, la directrice du centre. Idem pour nos fournisseurs : le boulanger qui travaille avec nous est de la région, par exemple. »

Si les résidents contribuent peu à faire tourner les petits commerces du village, c’est qu’ils ne correspondent pas forcément à leurs besoins ou à leurs habitudes alimentaires. Et surtout, ce n’est pas avec leur argent de poche (9,90 euros hebdomadaires par adulte et 5,80 euros par enfant) qu’ils peuvent dépenser énormément.

Au sein du centre, chaque habitant a aussi droit à une série de jetons par semaine, à échanger contre des produits de première nécessité : du savon, du papier toilette, des langes pour bébé, etc. « Il ne s’agit pas de produits de luxe comme une crème anti-rides, par exemple », insiste la directrice. Ces jetons peuvent être récupérés à la réception, où on distribue aussi les contrats qui permettent aux résidents de travailler dans le centre et de gagner un tout petit complément.

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Colin Delfosse. CC BY-NC-ND

Parfois, un événement vient rompre la monotonie du quotidien dans ce lieu d’accueil. L’animation du jour est provoquée par la réception de six galettes des Rois, cadeau du boulanger du coin. On est deux jours après l’Épiphanie et ils sont nombreux à ne pas connaître la tradition de cette fête chrétienne. Ils éclatent de rire en apprenant qu’on peut se faire élire roi ou reine si on trouve une figurine microscopique en porcelaine cachée dans sa part de tarte.

Quatre ou parfois cinq fois par semaine, c’est Marie-Chantal, bénévole en soutien scolaire depuis 2019, qui débarque au centre. Aussitôt, des « C’est Mamycha, c’est Mamycha ! » ricochent sur les murs du réfectoire transformé en école de devoirs. Cette ancienne prof de gym bruxelloise s’est établie à Oignies avec son mari il y a douze ans. Pour elle, venir ici, c’est du bonheur en barre.

« La relation que j’ai avec eux, c’est gai, t’sais. Ils savent où j’habite dans le village, alors quand ils passent devant chez moi, ils regardent pour voir si je suis là et me faire signe. Je les aide, mais eux m’apportent beaucoup de joie et d’énergie. Beaucoup. J’ai des petits qui sont là depuis quatre ans, tu te rends compte ? Il y en a une qui m’a dit un jour : “Dis, Mamycha, quand tu seras morte, comment on va faire pour nos devoirs ?” »

Ce qu’elle fait ici, c’est bien plus que répéter de nouveaux mots de vocabulaire, faire des additions ou apprendre à bien tenir un crayon. Ce que Mamycha fait ici, c’est poser de petits actes anonymes qui contribuent à rebattre les cartes pour ces enfants de l’exode.

500 CV dans la boîte

Quand on lui demande si le centre contribue à l’ouverture d’esprit des habitants d’Oignies, la volontaire écarquille ses yeux malicieux. « Ouh… T’es en Ardenne profonde, ici, hein !, rit-elle encore. Les gens n’en parlent pas, ou alors ils parlent sans savoir. Quand j’entends des réflexions, je dis simplement que c’est comme partout : il y a ici des gens bien et des gens moins bien. »

Aujourd’hui, même si tout le monde reconnaît que c’est un centre calme dans un village calme, il revient aux oreilles de Marielle et de ses collègues des remarques du style : « Quand on est étranger, on a plus d’avantages que quand on est belge. Eux, ils ont des navettes gratuites. » Des allégations qui trahissent une impression qu’on ne reconnaît pas leurs propres difficultés, bien réelles.

Avant, Chantecler était un centre de vacances des Femmes prévoyantes socialistes de Charleroi, construit en 1973. Lorsqu’il est converti en centre d’accueil, en novembre 2005, une quarantaine d’habitants, plus inquiets que curieux, font part de leurs craintes lors d’une séance d’informaton au conseil communal.

Puis, quand la Croix-Rouge lance son appel à candidatures en vue de recruter du personnel, un afflux de CV – plus de 500 – déferle dans la boîte mail de l’institution. Parmi eux, ceux de la belle-fille, du fils, du cousin, de la sœur de contestataires, initialement hostiles à l’implantation du centre. Parallèlement, un comité d’accompagnement rassemblant édiles et fonctionnaires locaux, associations, CPAS, police, riverains se met en place pour favoriser les échanges.

Qu’on le veuille ou non, Chantecler fait désormais partie d’Oignies. Pour autant, la greffe a-t-elle pris ? Dire que de nombreux contacts se sont tissés entre les résidents et les habitants serait mentir. Ils vivent davantage à côté les uns des autres, que les uns avec les autres. « Depuis toujours, il y a des gens qui trouvent qu’on est de trop. Malgré tout, on essaie de garder de bonnes relations de voisinage, assure Rachid, coordinateur des accompagnements individuels. Plusieurs fois par an, on fait le tour du village avec des sacs-poubelle et on ramasse les déchets qui traînent. On n’est pas obligés, mais on le fait quand même. C’est un geste citoyen. »

Pleurer deux fois

Marielle Déola, avec ses 32 ans de Croix-Rouge au service des demandeurs d’asile au compteur, le confesse : au niveau de la cohésion sociale, elle ne voit pas bien ce qu’elle pourrait faire de plus. Selon elle, la stigmatisation de l’étranger est là, et elle restera. « Du moment que les résidents peuvent se balader dans le village sans se faire agresser dans la rue, c’est l’essentiel. Il y a des gens qui habitent à Olloy, le village d’à côté, et qui ne savent même pas qu’on existe. Et quelque part… Tant mieux. Ça veut dire qu’on ne se fait pas remarquer et qu’on fait partie du paysage. C’est peut-être ça aussi, l’intégration. »

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Colin Delfosse. CC BY-NC-ND

Avec ou sans demandeurs d’asile, Oignies est un peu endormie. Les résidents du centre pourraient-ils insuffler une nouvelle dynamique ? « Côtoyer des personnes de cultures différentes est une vraie richesse. Mais il faut dire qu’elles ne restent pas très longtemps ici non plus », estime le bourgmestre Jean-Marc Delizée. « Vivre à Oignies ? Bien sûr que ça pourrait me plaire… répond pour sa part Aminata. À condition de trouver du travail, un logement et une voiture. C’est calme, propre, et l’air est plus sain qu’à Bruxelles. C’est un bon endroit pour éduquer ses enfants. Et je m’y sens chez moi. » « Oignies, c’est comme dans Bienvenue chez les Ch’tis ! On pleure deux fois : quand on arrive et quand on repart », sourit Rachid.

Pierrot le défenseur des droits humains congolais en exil écrasera-t-il une larme en quittant Chantecler ? Va-t-il se fixer dans le village ou bien connaître un départ de plus ? Seul l’avenir le dira. Nous sommes en janvier 2025. Le septuagénaire espère ne pas fêter ses trois ans au centre. Il a déjà été débouté par le CGRA, et attend maintenant la décision du Conseil du contentieux des étrangers. « Je suis en train de chercher une nouvelle façon de vivre. »

Depuis l’ouverture du centre en 2005, plus de 5 000 demandeurs d’asile y ont fait une halte. Quasiment tous se sont ensuite envolés vers d’autres cieux où les attendaient des perspectives d’emploi, des proches ou une communauté. De quoi recommencer leur vie un peu plus facilement.

Tags
  1. Prénom d’emprunt.

  2. Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides.

  3. Les prénoms des enfants ont été modifiés.

  4. C’est-à-dire le pourcentage de demandeurs d’emploi au sein de la population active.

  5. Prénom d’emprunt.

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