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Les derniers enfants d’Antoine

A-t-on loupé la bonne religion ?

Antoinisme-3

Rue de la Briqueterie, Retinne.

Mathieu Litt. CC BY-NC-ND.

Un ouvrier métallurgiste liégeois qui fonde une religion, c’est plutôt rare. Surtout quand il propose de combiner fluide et guérison. Culte populaire à succès au début du XXe siècle, l’antoinisme est au crépuscule de son existence… bien qu’il semble tellement actuel aux yeux de ses derniers adeptes.

Bernard restera anonyme. Cet homme élégant, souriant et légèrement dégarni, n’a pourtant rien d’une source d’information à protéger à tout prix. Simplement, il est sous le coup du vœu de confidentialité émis par le Conseil de son culte. Alors il reste incognito. Mais lui au moins, il accepte le contact, là où tous les autres membres actifs du mouvement se sont rétractés après avoir dit oui. Tous planqués derrière un même refrain : « On ne fait pas de prosélytisme. » Le fondateur du culte, Louis-Joseph Antoine (1846-1912), aurait lui-même fait détruire 8 000 livrets qu’il avait pourtant édités pour faire connaître l’antoinisme. « Le recrutement n’est pas inscrit dans nos statuts, nos écrits ou nos façons de voir les choses », souffle Bernard avec un débit rapide, mais une voix chaleureuse. « On n’a pas la volonté de conquérir le monde ni d’expliquer aux gens comment ils feraient mieux que ce qu’ils font déjà. » De quoi laisser planer le mystère autour de l’antoinisme, 114 ans après sa création, 112 ans après les funérailles de son créateur devant 15 000 personnes et 56 ans après la construction du dernier des 31 temples érigés en Belgique. D’inspiration chrétienne, il s’agit du seul mouvement religieux belge puisqu’il est né en 1910 à Jemeppe-sur-Meuse par la grâce de Louis-Joseph Antoine. Une fameuse prouesse pour cet homme modeste et peu lettré, ancien ouvrier mineur, métallurgiste, enrôlé comme soldat lors de la guerre franco-allemande de 1870, puis notamment reconverti en marteleur, portier et marchand de légumes.

Les écrits de son époque le …

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