Ô Limbourg, Ô ma patrie
(Tous ensemble !)
Le Limbourg a connu deux miracles. L’exploitation du charbon combinée à la production massive de Ford, à Genk. Puis l’étonnante résilience collective quand tout a fermé. Aujourd’hui, il faudrait un troisième miracle : un ralentissement de la montée de l’extrême droite.
Une plaque de rue et, derrière, sous un ciel dégagé comme la plaine qui s’ouvre à l’horizon, des éoliennes et des pylônes électriques. C’est la « Mondeolaan », l’avenue Mondeo, du nom d’un modèle de voiture qui n’est plus construit ici depuis bientôt dix ans. Ce type de plaque est la seule trace visible de l’omniprésence d’un constructeur américain – Ford – qui a emballé le Limbourg pendant un demi-siècle. Puis, d’un coup, Valence a battu Genk dans la course à la compétitivité. Près de 6 000 emplois, en comptant les jobs dérivés, sont partis à la trappe.
« Mon père a travaillé huit ans dans les mines et il a fini sa carrière chez Ford Genk, raconte Liliana Casagrande, journaliste au Belang van Limburg, présent à chaque conseil communal dans toute la province. Quand les usines ont fermé définitivement, le 18 décembre 2014, il y avait dans cette plaine une atmosphère de déprime et d’angoisse. »
Les Limbourgeois et les Limbourgeoises parlent lentement, leur phrasé chantonne et on s’en moque souvent à Anvers. Mais ils sont courageux. « Non, en Flandre occidentale, ils sont courageux, corrige Liliana Casagrande. Nous, nous sommes “veerkrachtig”, résilients. » Comme pour les charbonnages, les stigmates du passé automobile ont assez vite été retirés du paysage. Aujourd’hui, à l’entrée du site colonisé par Ford, ils ont déposé une carte de visite de dix mètres sur cinq : « Logistics Valley Flanders ».