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Les dessous de Cartamundi

A qui profite le Risk ?

Comment deux vieilles familles flamandes ont plié le game mondial des cartes à jouer. Retour sur un coup de poker en Campine.

La société Cartamundi est le leader mondial des cartes à jouer. Elle est belge aussi. Créée par deux familles blindées aux as (les Cartier de Marchienne et les de Somer) en 1970, Cartamundi vit une révolution avec l’arrivée de Chris Van Doorslaer. Passé par l’armée, Unilever et la vente de ciseaux, le CEO, nommé en 1997, va transformer l’entreprise déficitaire en machine à dividendes.

En dix ans, Chris pratique l’« intégration horizontale ». Cela consiste, en gros, à racheter ses concurrents. Cartamundi fait main basse sur une majorité d’imprimeries de cartes à jouer : Suisse, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne et Brésil. Et ouvre des succursales de vente à travers le monde : France, États-Unis, Pays-Bas, Suède, Hongrie, Singapour et Espagne.

Dix ans après l’arrivée du Chris, la société possède 50 % de la production des jeux de société en Europe. Le rachat, en 2019, de United States Playing Card Company (USPCC), le king du jeu aux USA, leur offre la quinte flush royale. USPCC possède Hasbro, une société qui imprime le Cluedo, le Trivial Pursuit ou encore le Risk.

Aujourd’hui, le groupe a toutes les cartes en main avec un quasi-monopole en Europe et aux États-Unis. Total des ventes en 2022 : 650 millions d’euros.

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Que scay-je ?. CC BY-NC

2023, Grand Chelem

Le revers de la médaille de cette « success story » advient en 2023. Après avoir concentré le business, la production est (comme souvent) « rationalisée ». L’Irlande annonce la couleur : la société Waterford, tombée sous la coupe de Cartamundi en 2015, est la première à en faire les frais. Waterford, qui imprime, entre autres… le Monopoly, génère pourtant, entre 2017 et 2021, 31 millions de dividendes. Banqueroute quand même. Baisse « trop substantielle des revenus » et fermeture de la boîte en mars 2023. Deux cent trente personnes sont mises à la porte. Belote et rebelote, voici le procédé identique chez France Cartes. En juin 2023, Cartamundi ferme l’usine de Saint-Max, une trentaine d’employés sont licenciés et la production est délocalisée en Espagne.

C’est enfin Hasbro, racheté deux ans plus tôt, avec un « bilan financier très solide » (dixit Jean-Louis de Cartier de Marchienne), qui se chope le valet puant. En 2024, la société doit se séparer d’un employé sur cinq, soit 1 100 postes. Le jeu en valait-il la chandelle ?

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