Alice, ma tante cachée
Alice est née au Congo d’un père belge et d’une mère congolaise. Comme de nombreux Métis, elle a été abandonnée par son père, avant d’être adoptée par un couple d’Américains. Elle a dû attendre d’être centenaire pour retrouver sa lointaine famille belge. La journaliste Valérie Hirsch nous raconte l’incroyable vie de cette femme qui s’avère être la fille cachée de son grand-père.
L’histoire commence en septembre 2021 par ce message en anglais sur mon compte Facebook : « Je vous contacte parce qu’un ami généalogiste m’aide à retrouver des membres de la famille de ma mère. Je crois que votre grand-père est LB. Ma mère, Alice, est née en 1920 au Congo et son père était ingénieur et commandant de la mine d’or de Kilomoto. Il s’appelait donc LB, mais il ne l’a jamais reconnue officiellement comme sa fille. Lorsqu’il a quitté le Congo, il l’a confiée à des missionnaires américains, les Wentworth, qui l’ont ensuite adoptée. Je me rends compte que cette nouvelle peut être surprenante, mais j’aimerais beaucoup entrer en contact avec vous. Ma mère serait tellement apaisée de retrouver sa famille belge. Merci. Doryce. »
Vous ne connaîtrez pas le nom de mon grand-père. LB restera anonyme à la demande de deux membres de ma famille. Le lien de filiation entre lui et Alice, il est vrai, n’est pas prouvé. Il n’y a ni photo ni document officiel. Seulement un échange de courrier en 1934 pour faciliter l’adoption d’Alice par un couple américain, les Wentworth. Dans une lettre adressée à Pierre Ryckmans (gouverneur général de la colonie belge) en décembre 1934, Pierre Felsenhart, le directeur de la mine d’or de Moto à Watsa (Province orientale, Congo) qui a succédé à mon grand-père, plaide pour qu’on ne laisse pas Alice « retomber à la vie indigène, ce qui serait pour cette jeune fille de 13 ans, éduquée à l’européenne, un véritable malheur ».