Une vie rustique, une mort tragique
Traduction : Thomas Lecloux
Photos : Frederik Buyckx
Textes : Kasper Goethals (De Standaard)
Publié le
À Saint-Léger, un village agricole aux abords de Mouscron, deux mondes qui s’ignorent sont entrés en collision. Le journaliste-écrivain flamand Chris De Stoop signe un livre magnifique sur le meurtre de son oncle Daniel, agriculteur, par des jeunes marginalisés. De Standaard est allé à sa rencontre.
« C’est ici qu’il repose, enserré entre le réservoir d’eau et d’autres tombes de pauvres. » Nous sommes au cimetière de Saint-Léger, sur la commune d’Estaimpuis, près de Mouscron. L’auteur Chris De Stoop m’a emmené sur la tombe de son oncle Daniel Maroy. Au milieu d’une demi-douzaine de croix de bois à la mémoire de pauvres hères morts sans le sou, entre les orties et autres plantes sauvages qui s’immiscent parmi les sépultures, Maroy est le seul à avoir une pierre tombale de marbre. Sous la date de décès, une simple phrase qui éveille, à dessein, des questions : « Une vie rustique, une mort tragique. » Chris De Stoop a fait placer la pierre l’année dernière : « Je suis content qu’il repose ici, au pied des murs médiévaux de la ferme du Temple, où sa tante a travaillé toute une vie de fermière. Mais je voulais inviter les visiteurs à s’arrêter sur son sort. D’où cette phrase. La blessure peut guérir, mais la cicatrice reste bien là. »
Un samedi soir de mars, il y a six printemps, Daniel Maroy, 84 ans, avait été cambriolé, battu et assassiné par une bande de jeunes blancs-becs. Comme chaque samedi, il était allé faire quelques courses chez Colruyt, à un kilomètre et demi de sa vieille ferme en carré. Un steak – blanc bleu belge –, un casier de Rodenbach, une poignée de chicons. Sur le chemin du retour, prenant appui sur son vieux vélo, il avait fait halte à la boucherie d’Yvette, qu’il avait en vain …