Gaby, il faut faire un procès !

En 1968, l’hôtesse de l’air Gabrielle Defrenne est virée de la Sabena. Pourquoi ? Parce qu’elle est trop vieille. Elle vient d’avoir 40 ans. À l’époque, deux femmes, l’avocate Éliane Vogel-Polsky et l’hôtesse de l’air Monique Genonceaux, veulent faire de ce « cas » un procès exemplaire pour l’égalité hommes-femmes au travail.
Janvier 1954. Monique Genonceaux, 24 ans, enfile pour la première fois l’uniforme de la Sabena. Sur des photos de l’époque, on la voit souriante, coiffée du joli béret des hôtesses de l’air. Un béret qu’elle aurait pourtant bien troqué contre le képi du commandant de bord : « En réalité, je voulais être pilote, confie-t-elle à Médor, mais la profession était réservée aux hommes. » Aujourd’hui âgée de 90 ans, elle plonge dans ses souvenirs.

Pendant les années qui suivent, Monique vole. Durant son temps libre, elle pilote des planeurs. Mais son métier, c’est hôtesse de l’air, et elle aime ça. Ce qu’elle aime moins, ce sont les conditions du contrat qui la lie à la Sabena. Contrairement à celui de leurs homologues masculins, les commis de bord, le contrat des hôtesses contient en effet quelques « clauses résolutoires » dignes d’un mauvais conte de fées : il est prévu qu’il prendra fin de plein droit si elles se marient, tombent enceintes, et au plus tard le jour de leur 40e anniversaire. Voilà, c’est aussi simple que ça : les hôtesses doivent être jeunes, célibataires et sans enfant. « Le mariage était interdit (jusqu’en 1963, NDLR) pour empêcher les hôtesses d’avoir des enfants. J’en connais qui en ont eu, qui se sont fait porter malades…, raconte Monique. J’aurais bien aimé avoir un enfant. Mais je me suis dit : “Bon, la carrière d’abord”. » Les commis, eux, ne sont pas concernés par ces limitations : « Ils pouvaient être chauves, bedonnants et continuer à voler. » …