Handicapées et stérilisées
Enquête (CC BY-NC-ND) : Françoise Raes
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Monique est maman. Elle est aussi déficiente mentale. Après la naissance de sa fille, Monique a été stérilisée de force. En comprenant que l’opération était définitive, elle a failli perdre le goût de vivre. Mais Monique en a vu d’autres. Et raconte.
Elle préfère qu’on dise « personne avec une déficience mentale » plutôt que « handicapée ». « Ce mot-là, on me le jette à la figure depuis que je suis gamine et c’est devenu une insulte. » Monique fait partie du mouvement Personne d’abord, une association d’entraide, d’autoreprésentation et d’autodéfense des droits de la personne qui présente une déficience intellectuelle.
À 56 ans, elle a un compagnon et une maison qu’elle partage avec sa grande fille. La maison a été construite dans le jardin de ses parents. L’endroit où elle a toujours vécu. « Dès l’âge de 13 ans, mes parents avaient peur que je ne tombe enceinte. Même s’ils ne m’ont jamais dit comment on fait les enfants. Ils m’ont donné la pilule puis, de peur que je ne l’oublie, j’avais des piqûres tous les mois chez le docteur. Pour en savoir plus sur les garçons, je demandais des explications à ma grande sœur. Je la voyais qui flirtait et ça la rendait heureuse. Moi aussi je voulais avoir un amoureux, se souvient Monique. C’est seulement à 27 ans quand mes parents m’ont laissée aller au bal que j’ai connu des garçons. Avant, c’était totalement interdit. »
À 30 ans, Monique se marie. Le couple s’installe dans la maison parentale. Rapidement, ils veulent fonder une famille. « Chez le médecin, j’ai dit : je veux arrêter les piqûres parce que je veux avoir un bébé. Ma mère n’était pas d’accord, mais le médecin a accepté. Ma mère me …