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« Certains chefs ne se contrôlaient plus. »
Témoignage d’une humiliation ordinaire qui marque à vie
Interview (CC BY-NC-ND) : Céline Gautier & Olivier Bailly & Louis Van Ginneken
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Xavier Lecarré a 45 ans. Il a connu les mouvements de jeunesse de ses 7 à 22 ans, d’abord en tant qu’animé, puis en tant que chef louveteaux et chef pionniers. Il a souhaité raconter ce parcours constitué de moments formidables et d’humiliations systématiques.
Vous démarrez à 7 ans avec les louveteaux.
Oui, mes parents m’ont inscrit à la Fédération catholique des scouts dans la région Mons-Borinage. J’y suis resté jusqu’à mes 16 ans, puis je suis parti dans une autre unité où j’ai été chef louveteaux pendant une année, puis Akéla pendant les trois années suivantes. Ma dernière année, je l’ai passée en tant que responsable des pionniers (16-18 ans) où j’ai retrouvé une génération de louveteaux que j’avais eus précédemment ainsi que des pionniers que je connaissais peu. C’était mon dernier camp avant de terminer mes études d’éducateur sportif et d’en faire mon métier jusqu’à aujourd’hui.
Qu’est-ce qui vous permet de parler de « violence psychologique » voire « physique » ?
Je vous raconte mon premier camp, à Rochehaut. Je ne l’oublierai jamais. J’ai 7 ans, je suis Mowgli (le plus jeune du groupe). Je le prends à cœur et en suis content. Malheureusement, cela devient l’enfer. Je me retrouve à être celui sur qui le groupe va prendre du plaisir à « se lâcher » (insultes à répétition, provocations permanentes, menaces…) sans aucune intervention des responsables. Surtout ne pas se plaindre et ne pas pleurer. Durant cette semaine de camp, c’était une après-midi, les chefs me prennent en rigolant, me plaquent à terre, me lient les mains et les pieds, me mettent une branche de sapin dans le slip, ils me bloquent dans la toilette extérieure avec une porte en bois verte, la ferment et ils tirent à la carabine à plomb dessus. …