Rwanda, la complicité des partis chrétiens
Texte (CC BY-NC-ND) : Charlotte Wirth
Publié le
Quand en 1994, la Belgique accueille les victimes du génocide des Tutsis, elle ouvre également ses portes aux génocidaires. Par méconnaissance ? Pas du tout. Avec la complicité des partis chrétiens belges. Même en 1997, le CVP du Premier ministre Jean-Luc Dehaene aura tenté de minimiser son soutien apporté au gouvernement du génocide, comme le soulignent les documents que Médor a exhumés.
20h30, le 6 avril 1994, l’avion qui ramène de Tanzanie le président rwandais Juvénal Habyarimana est abattu. Cet attentat marque le lancement d’un génocide organisé de longue date dans l’ancienne colonie belge. Des milices armées de la communauté hutue, de simples citoyens au cerveau lavé par la propagande de la Radio télévision libre des Mille Collines (RTLM), se lancent dans le massacre des cancrelats. La communauté tutsie. Pendant quatre mois, entre 800 000 et 1 million de personnes seront assassinées. Des Tutsis, mais également des Hutus qui auront tenté de les protéger. Partant d’Ouganda, le FPR (Front Patriotique Rwandais) de Paul Kagamé mettra fin aux massacres, poursuivant et tuant les fuyards hutus jusqu’au Congo.
De nombreux Rwandais trouveront refuge en Belgique, comme Médor le relate dans son enquête publiée dans son numéro 29. Des victimes, mais également les dignitaires de l’ancien régime qui avaient leur base de soutien en Belgique. Ayant bénéficié de bourses pour y étudier, ils connaissent le pays et se sont fait des amis dans les milieux catholiques belges, très puissants à l’époque sur le plan politique.
En 1997, une Commission d’enquête du Sénat a examiné le rôle que la Belgique a joué dans le génocide, lors duquel dix paras belges ont également été assassinés. Le rapport se lit comme un inventaire des défaillances du gouvernement Dehaene dans le dossier rwandais.
Tout un chapitre porte sur les liens entre les partis chrétiens belges CVP (néerlandophone) et PSC (francophone), l’Internationale Démocrate …