La fabrique du monde sans repos
Le travail des sans-papiers pour notre société
Enquête (CC BY-NC-ND) : Olivier Bailly
Publié le
Un « sans-papiers » sur le chantier du métro bruxellois, ce serait « un cas isolé ». Sauf que les faits sont un peu plus compliqués. C’est l’histoire d’un chef de projet qui photographie et expose un sans-papiers ayant bossé sur son chantier. C’est l’histoire de sociétés phénix qui de faillite renaissent, la cendre encore brûlante. C’est l’histoire d’une fraude ordinaire et de dysfonctionnements sur un chantier public. C’est l’histoire de Mohammed, sans-papiers une fois de plus collé au mur.
Décembre 2016. Une salle de réunion au siège de Beliris. Médor a sollicité une discussion sur la présence d’un « sans-papiers » sur le chantier de la station de métro Arts-Loi. Avec, au bout de la brève conversation cette question au directeur, Cedric Bossut :
(Médor) - Vous avez régulièrement ce genre de courrier (le signalement par la police d’un travailleur sans papiers sur un chantier) ?
(Cédric Bossut) - Non, on est assez rarement informé de ce genre d’hypothèse. En 10, 15 ans, cela a dû arriver trois ou quatre fois. C’est rare.
Trois ou quatre cas sur plus d’une bonne centaine de chantiers en 10, 15 ans ? Les statistiques approximatives de M. Bossut vont exploser avec les récentes révélations concernant le chantier Arts-Loi. Trois cas de travailleurs « sans-papiers » y sont clairement identifiés, l’un d’eux évoquant entre 5 à 10 sans-papiers sur le chantier pendant des mois.
La photo à cacher
Flash-back. 2009. Ligne 2. À droite, direction Simonis. À gauche, direction Simonis aussi. Bienvenue dans le métro bruxellois et ses quelques lignes à gérer. Arts-Loi, une station importante, doit être entièrement rénovée. Beliris signe un contrat de 10 176 408,78 euros (pour un budget total de 25 millions) avec CFE, société mastodonte belge de la construction.
En 2013, Mohammed débarque sur le chantier pour la société « Tuna ». Il est sans papiers. Huit ans qu’il s’esquinte la santé à faire des boulots de « merde ». Renaud Bentégeat, administrateur délégué du …