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Le ministre qui n’aimait pas l’impôt
Episode 2/…

Zéro fiscalité pour les grandes entreprises, passivité dans la lutte antifraude et possibilité renforcée de payer pour s’éviter un mauvais procès : Didier Reynders a choisi son camp. Celui du plus fort.
Qui veut se frotter à lui ? À ceux qui doutaient encore de sa détermination, l’ancien avocat Didier Reynders a répondu dès son arrivée au pouvoir, en 1999. Né à Liège le 6 août 1958, ce père de quatre enfants est en place depuis quatre mois, jour pour jour, quand le quotidien flamand De Morgen titre en une :
« Le ministre des Finances possède un compte secret au Luxembourg ».
L’auteur de l’article est le meilleur journaliste économique de sa génération. Il s’appelle Ludwig Verduyn. Pour une fois, il s’est trompé. Ou plutôt, il a été abusé par une de ses sources, qui sera condamnée quatre ans plus tard pour avoir fabriqué un faux document.
Deux jours après son erreur, Verduyn la reconnaît. En page 2 du Morgen, le 15 novembre 1999, ce spécialiste de la criminalité financière, par ailleurs rédacteur en chef, s’excuse auprès de Didier Reynders. Ça ne suffit pas aux avocats du nouveau ministre. La pression est trop forte. Le journaliste à succès doit démissionner sur le champ. À l’avenir, ses collègues réfléchiront à deux fois avant d’oser taquiner le libéral.

L’école du mépris
S’il voulait marquer son territoire, Didier Reynders a réussi son coup. Au sein des médias, il a toujours fait peur. Comme jadis Jean Gol, son parrain en politique. Il se montre extrêmement cassant envers ceux qui osent douter de son intelligence politique. Dans un livre publié en 1997, le biographe de Gol, Jean-François Furnémont, a croqué cette attitude. Elle porte un …