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Marchands de misère

Le business des maisons de repos « pirates »

Bientôt dix ans après l’affaire du « home de la honte » à Charleroi, la famille Rodriguez-Boulatiour continue d’exploiter dix maisons de repos ou d’accueil à Bruxelles, en Flandre et en Wallonie. Médor a réuni des documents et des témoignages qui laissent penser que plusieurs auraient dû fermer leurs portes.

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Émilie Gleason. CC BY-NC-ND

Jeudi 6 octobre 2016. La police débarque dans un home non agréé de Gosselies, une entité de Charleroi. Des plaintes pour maltraitance ont été enregistrées depuis l’ouverture de la Résidence Massimo, trois ans plus tôt. La perquisition est trash. Il y a des rats dans la maison de repos. L’odeur y est épouvantable. Certaines chambres sont privées d’eau chaude depuis une panne de chaudière en décembre 2014.

Ce jour-là, cinq des 46 résidents doivent être hospitalisés, onze autres sont dirigés vers des institutions psychiatriques. Le « home de la honte » est fermé sur-le-champ. Pour l’essentiel, ses occupants sont des personnes précarisées dont les allocations sociales sont captées à la source par le couple de gérants. Des SDF, des gens au stade avancé de la maladie de Parkinson, d’Alzheimer ou atteints de démence, des pensionnés démunis, des personnes ayant un handicap physique ou mental, des victimes d’addictions et en grande détresse psychologique ou psychiatrique. Livrés à eux-mêmes. Privés de repas quand les tenanciers sont en vacances et que les deux infirmiers de nationalité indienne, chargés à la fois des soins et du nettoyage, se montrent incapables de faire tourner la boutique. Une image a marqué les esprits durant l’enquête judiciaire : une résidente à mobilité réduite dormait tout contre un homme atteint d’un cancer du poumon ; elle le savait mourant et pensait le protéger.

Le jugement prononcé devant le tribunal correctionnel de Charleroi, le 2 septembre 2020, a acté « l’extrême gravité des faits », commis contre des personnes en …

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