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L’impossible retour ?

Restitution

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Colin Delfosse. CC BY-NC-ND.

En juin 2022, la Belgique adoptait une loi inédite ouvrant la voie à la restitution d’œuvres pillées lors de la colonisation. Une décision hautement politique qui doit se traduire aujourd’hui dans des engagements scientifiques. Alors que le processus s’enlise, Médor est parti à la rencontre des communautés où ces objets ont été accaparés.

Juin 2024, Raphael Galume sillonne les villes et villages de la province du Kongo central, à l’ouest de la République démocratique du Congo. Cela fait des semaines que ce jeune chercheur de l’Institut des musées nationaux du Congo (IMNC), basé à Kinshasa, est sur la trace d’une statuette de maternité Yombe. Dans les rues de Boma, un quidam a reconnu cette petite statue de bois, représentant une mère et son enfant, appelée « Maduda ». Elle serait issue du village homonyme, un hameau d’un millier d’âmes perdu au cœur de la forêt, proche de la frontière avec le Congo-Brazzaville.

Mais arrivé sur place, Raphael déchante. Reçu par le chef coutumier, celui-ci ne connaît rien de l’objet. Ni son apparence ni son usage. « L’histoire dans le Kongo central est en train de se perdre, parce que la transmission orale n’existe presque plus », regrette le chercheur congolais. Dans cette région, la première à l’épreuve de la colonisation, l’évangélisation et le pillage des œuvres par les Belges ont commencé dès la fin du XIXe siècle. De cette période, peu de traces subsistent aujourd’hui à Maduda : la tombe d’un missionnaire, une imposante ruine de 1903 et la statue funéraire de Paolo Mbenza, premier chef médaillé par les colons belges et aïeul du chef de village.

Cela fait un an que Raphael étudie la provenance d’objets des collections de l’AfricaMuseum de Tervuren, tous …

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