Travail de malade, malades de travail
Notre pays compte un demi-million de travailleurs et travailleuses en incapacité de longue durée. La réponse politique : renvoyer au plus vite les malades au boulot. Quitte à mettre la pression sur les mutuelles, les médecins-conseils et les généralistes, déjà débordés. Médor prend le pouls d’une société-domino au bout du rouleau.
Comme toute bonne histoire tentant de mettre en lumière les rouages (et foirages) du système, celle-ci commence par des chiffres. Des chiffres à filer le tournis. On compte aujourd’hui, selon l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami), 500 000 personnes en incapacité de travail depuis plus de 12 mois. Soit environ 11 % de la population active. Derrière ce nombre froid : des personnes en souffrance, des foyers qui doivent composer avec des revenus amoindris, des entreprises qui continuent de tourner en équipe réduite.
En Belgique, on est malades de quoi ?
Du poids trop lourd à porter. Les troubles psychiques sont la première cause d’arrêt devant les troubles musculo-squelettiques. De qui parle-t-on ? Les 50-64 ans forment la tranche la plus représentée ; en raison notamment des réformes de conditions d’éligibilité à la retraite anticipée. À noter, les jeunes (25-39 ans) ne sont pas épargnés, particulièrement par la dépression et le burn-out. Les femmes sont les plus touchées par les arrêts longue durée. La raison ? Entre autres les inégalités salariales, la charge domestique, la pénibilité des métiers du care (le soin). Enfin, derrière cette question de santé publique, il y a une histoire d’argent, de fric, de pèze ! Avec plus de 7,5 milliards d’euros, le coût de l’invalidité est le troisième poste le plus important de la sécurité sociale derrière les pensions et les soins de santé. …