12min

Le goût de la langue

Racisme dans la boîte aux lettres

Depuis 2019, Ahilan Ratnamohan, artiste-performeur australo-sri-lankais, reçoit le journal du Vlaams Belang dans sa boîte aux lettres. Qu’à cela ne tienne : ce féru de langues s’est mis à en collectionner les numéros pour enrichir son vocabulaire néerlandais. Verdict : « Le néerlandais de l’Antwerpse Volksgazet ressemble bien plus au mien que celui des artistes et militants progressistes que je lis normalement. »

Ce doit être en 2019 que j’ai trouvé pour la première fois le journal du Vlaams Belang dans ma boîte aux lettres. J’habitais dans un quartier d’Anvers-Sud, après quelques années passées dans les quartiers moins huppés du nord de la ville. Découvrir au milieu de mon courrier un exemplaire de l’Antwerpse Volksgazet, la « gazette populaire anversoise », a été plutôt surprenant. L’envoi était-il voulu ? Était-ce une erreur ? Pourquoi n’avais-je même jamais vu ce journal pendant les six années précédentes ?

L’agent de quartier n’avait-il pas acté mon changement d’adresse ? Ou m’invitait-on de bien étrange manière à faire partie d’une sorte de club secret, moi l’étranger venu vivre dans une rue d’autochtones ?

Je me suis appliqué, ces dernières années, à créer des listes de mots néerlandais. Cette pratique, entre-temps devenue forme artistique, était initialement un produit dérivé fortuit de l’apprentissage des langues et a fini par donner naissance à des représentations scéniques comme Alle woorden die ik nog niet kende (2022) et Une traduction infidèle (2023). Je me constitue des listes de mots dans différentes langues et différents registres. J’y rassemble des mots rencontrés dans des livres, lus dans des courriels ou saisis au détour de conversations. Ces listes s’intitulent Amar Chitra Katha Comic Books Tamil, Ahil French #3, Spanish via Las Locuras de Bielsa, Jaffna Tamil 2018, Advanced Nederlands ou encore Nederlands #2. J’ai une obsession particulière pour …

Lire, en toute liberté

Cet article semble vous intéresser. Vous pouvez lire la suite à votre aise : c’est un cadeau. Nos contenus doivent être accessibles au plus grand nombre. La période d’essai d’un mois, gratuite et sans engagement, est également faite pour cela. Cependant, nous avons besoin d’être financés pour continuer notre projet. Si vous trouvez notre travail important, n’hésitez pas : abonnez-vous à Médor.

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3579 abonnés et 2019 coopérateurs

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus