Le meilleur des mondes
Cockerill et l’hydrogène
Le Groupe John Cockerill, géant wallon de l’armement et des équipements énergétiques, se dit « en transitions ». Son rêve : devenir leader sur le marché de l’hydrogène vert. Mais sans oublier ses fondamentaux : soigner ses relations avec des régimes autoritaires et innover dans l’armement.
Quand on vient travailler chez nous, on sait qu’on contribue à construire un monde meilleur. »
Fin 2021. L’homme qui prononce cette phrase dans Trends/Tendances, Jean-Luc Maurange, n’est pas directeur d’une ONG active dans la sauvegarde de la planète. Il est alors le directeur du Groupe John Cockerill. Un fleuron industriel wallon, qui emploie 5 200 personnes dans le monde, de la Belgique à la Chine en passant par les États-Unis ou le Brésil. Le Groupe John Cockerill se profile en « entreprise citoyenne », qui « veut répondre aux besoins de notre époque ». Et devenir un « leader de la transition énergétique ».
Comment ? En fabriquant des chaudières pour centrales thermosolaires ou des systèmes de récupération de chaleur, par exemple. Ou bien en concevant des fours de traitement thermique qui intègrent des algorithmes améliorant l’« efficience énergétique ». Ou encore en développant des solutions de traitement des eaux ou de dépollution de l’air. Ou bien même, en se plaçant comme acteur clé dans la production d’hydrogène vert. Ah… et aussi en fabriquant des tourelles-canon pour chars, des simulateurs de combat et des systèmes de surveillance militaire. Là, on s’éloigne quand même de la transition énergétique. Quoique.
Sans contrats d’armement, le plongeon de Cockerill dans le secteur de l’hydrogène vert n’aurait peut-être pas eu lieu. Les 700 tourelles vendues ces dernières années à l’Arabie saoudite ont permis au groupe de « changer de braquet ». Les mots viennent de son actionnaire principal, l’homme d’affaires lorrain Bernard Serin. Il les a écrits dans le rapport annuel 2014, juste après …