Redessiner la vallée
Bassin de la Vesdre
Deux ou trois épisodes de pluies torrentielles pourraient frapper la Vesdre, les Fagnes et le plateau de Herve d’ici à 2050. Après, ce sera la sécheresse qui menacera ce territoire. Depuis un an, une équipe d’urbanistes et de chercheurs crée une vision d’avenir pour cette région, afin d’en faire un lieu pilote de la transition écologique et sociale. Médor les a suivis.
Vu de mon quartier, tout semble avoir commencé avec cette bête barrière de police, posée en travers d’une route. Le ru de Mangombroux, qui descend depuis les pâturages, à la frontière entre Verviers et Jehanster, venait de déborder. La pluie terrassait les essuie-glaces. Et la Vesdre et ses affluents se sont mis à monter. Inarrêtables.
Madeline Brasseur et sa famille n’ont pas ma chance. J’habite sur les hauteurs. Elle va passer la nuit à califourchon sur la corniche de sa maison du centre de Pepinster, avec deux de ses enfants, et son mari. L’eau de la Vesdre a atteint le deuxième étage. Quatre mètres. Une voisine est emportée par les eaux. À Theux, la Hoëgne déchaînée déracine sans peine la serre d’un maraîcher et dévaste son potager. À Pré-Javais, quartier populaire et berceau de la révolution industrielle lainière à Verviers, des centaines de ménages sont touchés. Les cuves à mazout sont arrachées, les voitures retournées, les ponts détruits. Rue des Alliés, un homme perdra le charbon avec lequel il se chauffait encore, un DJ, tous les vinyles qui bâtissaient son univers.
Depuis, il y a eu la guerre en Ukraine, une crise de l’énergie. Engloutis dans le rythme de l’actualité, les « sinistrés » semblent déjà loin. Pourtant le bilan est lourd et la reconstruction, inachevée. À Trooz, 45 % des 2 349 habitations de la commune ont subi de lourds dégâts. À Verviers, plus de 3 000 maisons et bâtiments ont été fortement touchés. Sans compter les ponts, dont ceux de Pré-Javais qui commencent …