La violence est en eux
Fight Club en politique
Textes : Philippe Engels
Illustrations (CC BY-NC-ND) : Antonin Lefevre
Textes (CC BY-NC-ND) : Louis Van Ginneken : Camille Crucifix
Publié le
La brutalité de l’extrême droite contamine nos institutions. Au sein de la coalition Vivaldi, des présidents de parti s’insultent jour et nuit. Quand elles ne quittent pas le métier, nos élites dirigeantes ont tendance à succomber – elles aussi – au populisme. L’agressivité envers les femmes politiques se renforce via les réseaux sociaux. Et cela mène à quoi, toute cette violence contenue ou affichée ? De juin à novembre 2022, chronique d’une vie politique sous tension, bloquée, où le sentiment d’impuissance prépare de nouveaux dégâts.
C’est le guide du parlement fédéral qui le dit : les visiteurs cherchent les ragots, la fight. « Ça se bat, par ici ? » Le fonctionnaire dans sa tenue austère s’en amuse : « Le dernier poing remonte aux années 70. À l’époque, il y avait des bagarreurs, André Cools et compagnie. » Ah, tiens ? Les élus d’aujourd’hui seraient doux comme des agneaux ? Ne pas se fier aux apparences. La génération parlementaire actuelle a reçu les codes transmis par les précédentes. Sourires narquois, sourcils levés au ciel et sens aiguisé de la moquerie : on peut faire mal sans lever la main. Un des chefs de l’opposition, le député Peter De Roover, de la N-VA, jongle en séance plénière avec ce type d’arme sans détonateur. « Prioritaire, M. De Croo, ça vient de priorité. 99 % des Belges connaissent ce mot. Je pense que le pourcentage qui ne le connaît pas se trouve dans votre gouvernement. » Posture d’opposition plutôt classique ; ça, c’est normal. Par essence, le Parlement est un lieu de conflictualité, où des idéologies s’affrontent.
Ce qui est neuf aujourd’hui, c’est la confusion croissante entre la majorité et l’opposition. On ne sait plus qui est qui. « Vous êtes un menteur, vous dites n’importe quoi, comment pourrait-on avoir confiance en vous », balance régulièrement Paul Magnette (PS) à Georges-Louis Bouchez (MR), ou l’inverse, sur les plateaux de télévision. Ce langage agressif, il a contaminé les partis francophones du gouvernement fédéral, le niveau de pouvoir où sont encore censées se régler les importantes questions liées …