Le label qui s’emballe
Nutri-Score
A pour les mangues « prêtes à manger », B pour le fromage frais au spéculoos, C pour les crevettes décortiquées, D pour le parmesan en sachet et E pour les sodas. Le Nutri-Score, censé nous aider à gagner des points de santé, déboussole les clients des supermarchés. Mais ce système de classement nutritionnel a de solides bases scientifiques, et aussi des biais qu’il vaut mieux connaître. Car il pourrait bientôt être imposé dans toute l’Europe.
– « Hello les motivés du mieux. »
– Salut, le Delhaize.
La chaîne de supermarchés met le paquet marketing sur la santé, celle du corps, de l’esprit et de la planète, dans l’espoir de créer une « génération du mieux ». Derrière son caddy, la meilleure version de vous-même est donc invitée à scruter la valeur nutritionnelle des aliments. Pour vous aider, il existe un moyen bête comme chou : le Nutri-Score, affiché de manière volontaire, par certaines marques, sur les emballages. Le chou, justement, a un Nutri-Score A (vert foncé). Il est bon pour la santé et ne contient ni sel, ni graisse, ni sucre. Les Twix ou les Oreo, à l’inverse, en sont bourrés. Ils affichent dès lors un Nutri-Score E (le pire du pire). C’est simple. L’eau de Spa = A (vert foncé) ; boisson Delhaize bio à l’avoine = B (vert clair) ; Fanta orange = E (rouge).Vos enfants pleurent pour des frites, alors que vous aviez pensé leur concocter une petite salade méditerranéenne avec des légumes vapeur, de la bonne huile d’olive, deux anchois et trois câpres ? Les Nutri-Score sous le nez, ils seront bien obligés de se rallier à vos repas d’un monde meilleur, pensez-vous. Mais c’est la stupeur au rayon surgelés : toutes les frites présentent un Nutri-Score A.
À l’autre bout du spectre alimentaire, l’huile d’olive et les câpres montent maximum à C. Les anchois à D. Votre projet de salade est donc une apocalypse nutritive. À la rigueur, il vaudrait mieux lui préférer une barquette de carbonnades …