Info locale, exploitation totale
Sous l’appellation « lanceurs d’alerte », les journaux de Sudpresse recrutent des informateurs. Bénévoles. Dernier symptôme du cancer qui frappe les journalistes locaux : la misère.
4 euros brut pour la rédaction d’une brève. Fin de la vanne. Déjà rémunérées en deçà de l’indécence, les petites plumes de la presse écrite locale vont-elles bientôt se faire voler leur pain – sec – par des journalistes gratuits ? La dernière offensive de Sudpresse, filiale du groupe Rossel (Le Soir), a en tout cas de quoi leur foutre les jetons. Sur le site web spécialement dédié à ce recrutement, l’éditeur, entre autres, des journaux La Capitale, La Meuse ou La Gazette met en effet le paquet. « Devenez lanceur d’alerte », titre la page. « Nous recherchons de nouveaux collaborateurs capables de nous informer sur tout ce qui se passe dans leur commune ! […] Vous voulez collaborer avec le leader de la presse régionale belge ? »
Et de lister les conditions requises pour choper ce job en or au salaire en toc : être bien intégré dans sa commune, très informé, sérieux et capable d’envoyer des informations fiables, de proximité, de bons tuyaux, des photos ou des vidéos, des communiqués de presse,… « Un lanceur d’alerte doit avoir des yeux et des oreilles dans sa commune », renchérit l’annonce en lettres capitales. Concrètement ? Quels types d’infos sont demandées ? « Du rififi en politique, une polémique qui pointe le bout du nez, un fait divers, un commerce qui ouvre, un autre qui ferme… »
A-t-on bien compris : un lanceur d’alerte qui signalerait un commerce qui ouvre ?
Pause. Le terme « lanceur d’alerte » n’a rien d’anodin. Selon la définition d’Amnesty International, il …