Au départ, il y avait le tennis, puis le foot. Sa première expérience en montagne, c’était un trek en Corse avec les potes de rhéto, le diplôme et l’insouciance dans le sac à dos. La course à pied, Karel Sabbe ne s’y est mis qu’après avoir entamé sa carrière de dentiste, dans son cabinet de Renaix, à 20 kilomètres de son domicile d’Anzegem (Flandre orientale). Il n’a que 24 ans et enchaîne les longues journées dans une pièce privée de lumière naturelle. Quelques semaines lui suffisent pour comprendre ce dont il a besoin par-dessus tout. Se frotter aux grands espaces. « Courir, c’est facile, tout le monde peut le faire. J’ai tout de suite apprécié la pluie, la boue, le mauvais temps. »
La lecture, aussi, a été une source d’inspiration. La biographie de John Muir (1838-1914), écrivain et naturaliste américain, l’un des premiers défenseurs de l’environnement aux États-Unis, surtout. Muir a créé le Sierra Club, l’une des plus importantes associations écologistes du pays. Sabbe a puisé dans ses écrits une manière de concevoir son rapport au vivant. Autre livre référence : Into the Wild, de John Krakauer, qui raconte le périple de Christopher McCandless vers l’Alaska, où il mourra à 24 ans.
Karel Sabbe enchaîne alors les voyages initiatiques dans la profondeur des parcs américains et la touffeur néo-zélandaise. En 2015, il s’attaque à une première course. Un raid, encore en Nouvelle-Zélande. Très vite, Karel se rend compte que le VTT et le kayak, pourtant censés faciliter les déplacements, l’encombrent et l’empêchent d’apprécier …