Béton noyé
Mont-Saint-Guibert, en Brabant wallon, n’en finit plus de se bétonner. Mais cet été, les inondations ont submergé la commune… et réveillé les critiques face à un énième projet immobilier : les Jardins de l’Orne.
« Vendu, vendu, vendu… » De sa voiture, Antonio Piras lève les yeux sur l’énorme annonce des « Jardins de l’Orne » à l’entrée de Mont-Saint-Guibert. Du haut de ses 60 ans, il est un Guibertin pure souche. Ses paroles fortes résonnent dans l’habitacle, aux lendemains des inondations de juillet. Antonio le constate, sa commune a perdu des choses pour en créer d’autres. Il se souvient de chaque tenancier de café, boulanger ou boucher. « Là, c’était Gaston, il avait des chevaux. Là, c’était chez Auguste, le marchand de légumes. À l’époque, une maison sur trois était un bistrot, comme le survivant, “le café des Pêcheurs”. »
Les lotissements se sont succédé. Tels ces Jardins de l’Orne, promettant du vert, de l’abordable, de l’écoresponsable à cheval sur les communes de Mont-Saint-Guibert et de Court-Saint-Étienne. « Inspired by nature », « Du studio au penthouse 3 chambres », lit-on sur des panneaux. Une balade verte, des locaux réservés aux professions libérales et bientôt un Proxy Delhaize. 300 unités bâties sur les cendres de l’ancienne usine à papier.
Dès la sortie de la RN25, on pénètre dans ce quartier de l’ancienne papeterie locale, où se bâtit le nouveau projet immobilier. À gauche, les anciennes maisons ouvrières. En face, en direction du cours d’eau, les nouvelles constructions. Une partie est habitée. Le reste est encore en travaux. Toutes ont eu de l’eau dans les caves. Des grues complètent le paysage. À la rentrée, elles creuseront plus près encore de la rivière.
Une rivière où on barbotait
« De mémoire de Tonio, c’est du …