3min

Mourir, c’est rester

Gael_selehd-1-rotated.jpg
Gaël Turine. Tous droits réservés.

L’unique cimetière multiconfessionnel de Bruxelles s’est pris le ressac des vagues consécutives de la pandémie.

Pendant neuf mois, le photographe Gaël Turine a capté la solidarité musulmane dans le deuil et la crise.

Une rangée, quarante tombes. Puis 2, 7, 13, 19, 26 autres rangées. Il y a moins d’un an, la parcelle était un terrain vague. Elle ressemble aujourd’hui à un damier macabre. De mars à fin décembre 2020, un total de 1120 personnes auront été inhumées, au cimetière multiconfessionnel d’Evere. Soit un rythme cinq fois plus important que d’habitude ! Si toutes les religions se côtoient dans la mort, ici, 94 % des 4 300 concessions sont allouées à des défunts musulmans.

De la première à la deuxième vague, le principal cimetière musulman de la capitale, enclavé dans le cimetière de Schaerbeek, n’a cessé d’être encombré. Sur la plaine, les familles circulent, les cercueils défilent et les enterrements s’enchaînent. Le deuil se fait dans l’urgence. Autour des tombeaux béants, les salat al janaza – les prières mortuaires islamiques – sont accompagnées du bruit de la pelleteuse, qui creuse et creuse inlassablement.

Hakim pilote l’engin, tandis qu’Abu Shahid dicte les instructions à une famille qui descend un cercueil dans une tombe. Plus loin, Mohammed se charge des finitions d’une sépulture et tapote doucement le monticule de terre, comme une dernière tape dans le dos avant un départ.

Les hommes font partie du noyau dur de bénévoles, ceux qui se rendent ici quotidiennement depuis les premières semaines de la crise. Excavations, inhumations, accompagnement des familles, distribution de repas… ils déchargent la petite équipe de trois employés de l’afflux soudain de défunts qu’elle n’aurait pu gérer seule, car noyée dans la paperasse.

Terre promise

« Le nombre …

Lire, en toute liberté

Cet article semble vous intéresser. Vous pouvez lire la suite à votre aise : c’est un cadeau. Nos contenus doivent être accessibles au plus grand nombre. La période d’essai d’un mois, gratuite et sans engagement, est également faite pour cela. Cependant, nous avons besoin d’être financés pour continuer notre projet. Si vous trouvez notre travail important, n’hésitez pas : abonnez-vous à Médor.

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3444 abonnés et 1875 coopérateurs

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus