Frapper un journaliste
Illustrations (CC BY-NC-SA) : Joanna Lorho
Textes : Paul Gebruers (Apache)
Traduction : Thomas Lecloux
Publié le
Les manœuvres d’intimidation ciblant des journalistes se multiplient un peu partout, notamment sous la forme de comportements agressifs. Dans notre pays, il s’agit pour l’instant essentiellement de violence verbale, qui n’est pas seulement le fait de citoyens, mais aussi de décideurs politiques. Le climat de 2021 est au durcissement. En Flandre, le média Apache tire le bilan. Et la sonnette d’alarme.
L’intimidation de la presse a le vent en poupe depuis quelques années, parfois même par violentes bourrasques. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Association flamande des journalistes (VVJ) a mis en place, en mars 2019, un point de signalement des agressions visant les journalistes. La première année, quinze plaintes ont été reçues et, en 2020, treize incidents ont été enregistrés lors desquels les normes relationnelles ont été outrepassées.
Il ne s’agit pas seulement de violence physique et verbale. Le harcèlement par la « nouvelle droite », la censure, les messages de haine et les propos diffamatoires sur les réseaux sociaux sont autant de phénomènes en expansion. Certains politiciens et leurs porte-parole, de même qu’une partie du public, se laissent parfois volontiers entraîner dans le mouvement. Quant à la police, elle fait aussi l’objet de plaintes pour refus d’accès à des lieux. Cible par excellence : les journalistes d’investigation.
Les limites de la décence ont été franchies lors de la manifestation du Vlaams Belang contre la formation de l’actuel gouvernement Vivaldi, organisée le 27 septembre 2020 à Bruxelles. Les photographes de presse Kristof Vadino et Hadrien Duré, dépêchés respectivement pour le quotidien De Standaard et l’agence Isopix, y ont été gravement menacés par des sympathisants du parti d’extrême droite et n’ont pu fuir qu’in extremis.
Les deux photographes ont vu soudain des partisans du Vlaams Belang fondre littéralement sur eux. « J’ai pas mal roulé ma bosse, notamment comme photographe, et jamais je ne me suis senti autant menacé », a ainsi témoigné Hadrien …