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Deliveroo du mal

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Bihua Yang. CC BY-NC-ND.

Il a parcouru 20 000 kilomètres à vélo, un sac carré turquoise sur le dos. L’application Deliveroo lui donnait des missions. Comme un patron de poche. Jean-Bernard devait-il, dès lors, bénéficier d’un contrat d’employé ? Le statut de cet ancien livreur déchaîne la justice et interroge les conditions de travail dans la nouvelle économie de plateformes.

Jean-Bernard Robillard est un artiste français, installé en Belgique. Il enchaîne les petits boulots et les emmerdes. Il a 38 ans et ses parents paient son loyer pour ne pas qu’il se retrouve à la rue. Fin 2015, il s’inscrit sur l’application de Take Eat Easy, une start-up belge de livraison de repas à vélo. Il peut commencer dès le lendemain. Il a juste besoin d’un vélo et d’un smartphone. Son voisin lui prête un VTT orange rafistolé. Il n’est plus monté sur un vélo depuis 15 ans et fume trois paquets de cigarettes par jour…

« Il fallait être bourré pour ne pas réussir la Ghost Ride (course test, NDLR). Ils prenaient vraiment tout le monde. » Pour sa première course, Jean-Bernard est envoyé à Evere. Il pleut, il vente. Il n’est pas équipé. Il ne sait pas où il va, son téléphone dans une main, son guidon dans l’autre. Il rentre chez lui à 23 heures, grelottant. Ce soir-là, il fait le compte : il a livré quatre commandes et gagné 30 euros brut.

Au bout d’une semaine, Jean-Bernard a déjà été heurté deux fois ! Il investit dans un casque. « J’avais mal au cul. J’ai dû acheter de la crème anti-hémorroïdaire. Mais je savais que j’étais mieux là, six heures par jour sur mon vélo, que chez Total où j’avais bossé un peu avant avec une pression psychologique infernale… Même si tu ne gagnes pas grand-chose, tu es libre sur ton vélo, tu t’évades, tu vois pas le temps …

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