Musique belge : L’oreille cassée
Textes (CC BY-NC-ND) : Quentin Noirfalisse
Illustrations (CC BY-NC-ND) : Noëmie Béchu
Textes (CC BY-NC-ND) : Olivier Bailly & Chloé Andries
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Dans la famille « culture », parent pauvre des politiques, les musiciens sont les fauchés parmi les fauchés. Comment est-ce possible ? Plus que tout autre art, la musique est omniprésente dans nos vies. Mais les artistes locaux ne tombent pas dans nos oreilles. Pourquoi ?
Les observateurs, tant au pays qu’à l’international, saluent la qualité et la créativité d’une scène musicale belge foisonnante. Et pourtant… Chez nous, survivre, c’est déjà pas mal. Voilà ce qui ressort des dizaines de documents compulsés et de la quarantaine d’interviews réalisées pour ce papier dédié aux musiques actuelles (soit tout sauf la musique classique). Artistes, mais aussi salles de concert, centres culturels, labels, tout le monde est frappé par le manque d’argent et de perspectives de promotion des talents de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). En première ligne, il y a les artistes, réduits au système D pour perdurer, dans un secteur qui peine à se structurer. Quel meilleur groupe pour tester cette loi de la jungle que… La Jungle ?
Le pire business plan de l’histoire
C’est l’histoire d’un groupe qui tourne. Une success-story. Celle de La Jungle, un duo montois de noise – et de niche – complètement psyché, encensé par la critique. « Le plus trippant et tribal duo du royaume », selon le Focus-Vif. Tout a commencé par un concert sur la scène alternative de La Faune, à Mouscron, en 2015. Puis, « comme une pandémie, ça s’est propagé », se marre Mathieu Flasse, le guitariste. Depuis, le groupe a sorti trois albums, en prépare deux autres, a lancé des remixes, composé des musiques de film. Et enchaîné plus de 450 dates. D’abord en Wallonie, à Bruxelles, en Flandre. Puis dans les festivals, comme Dour, « où ils nous ont mis en avant, ça nous a permis …