Sans diagnostic fixe
Sans diagnostic fixe
Illustrations (CC BY-NC-ND) : Kristina Tzekova
Textes (CC BY-NC-ND) : Muna Traub & Malaurie Chokoualé Datou
Publié le
Depuis quinze ans, Aloïs se perd dans la dépression. À la recherche d’un diagnostic de trouble mental, iel se débat contre ses démons invisibles et élève la voix pour briser les tabous. En Belgique, la moitié des patients suivis pour troubles psychiques vivent sans pouvoir mettre un nom sur le mal qui les ronge. Portrait d’un·e militant·e, fier·ère d’aller voir son psy.
En pyjama sur l’avenue Louise, Aloïs avance d’un pas rapide dans la nuit. Iel reste sourd·e aux véhicules qui se croisent sur cette artère chic de la capitale, et se repasse les scènes de la soirée. Sa tête est encore douloureuse à force de l’avoir cognée contre le mur du salon, cherchant à faire taire son esprit. Aloïs serre les anses de son sac entre ses doigts. Avant de quitter la maison, l’affolé·e a pris le temps d’y fourrer deux culottes, machinalement, bien décidé·e à trouver en solo l’hôpital psychiatrique qui pourrait l’extirper de ce cauchemar.
Là, sur la belle avenue, déconnecté·e de tout, Aloïs se souvient des médocs qu’on l’a forcé·e à recracher. Iel les avait pourtant gobés pour que tout s’arrête. Aussitôt, une voix le·la sort du vide : sa mère lui fait face et se dit prête à exécuter le moindre de ses désirs. « J’ai été bête, je lui ai dit de me ramener chez moi », regrette aujourd’hui Aloïs, deux ans après cet …