Longue vie au roi éclipse
Elle s’appelle Joëlle, son alter ego masculin se prénomme Éclipse. Depuis deux ans, l’une ne va pas sans l’autre. Cette ancienne avocate en droit de la concurrence, originaire de Monaco, a connu un revirement professionnel : elle est désormais drag king.
Il faut toujours dix secondes avant que le public ne le remarque. C’est normal, leurs yeux sont rivés sur Colette Collerette, l’effeuilleuse burlesque du Cabaret Mademoiselle, dans le centre de Bruxelles. Éclipse en profite pour se faufiler incognito : il sort des coulisses, traverse le public et s’installe tranquillement dans le fond de la salle. Sa performance, il la commence derrière les spectateurs. Ça crée un effet de surprise.
Éclipse est drag king. C’est le même principe que drag queen, mais dans l’autre sens. Le transformisme se fait vers un personnage aux caractéristiques stéréotypées masculines.
Arrivé devant le bar, Éclipse saute sur le comptoir. La profonde voix de Sinatra laisse place à la bande-son du mythique sketch de Jerry Lewis : « La machine à écrire ». Éclipse s’empresse de mimer la frénétique rédaction d’un courrier. Il s’approprie les mimiques précises et absurdes de l’humoriste américain. Le drag king joue des codes de la masculinité, en y ajoutant des touches d’humour.
Le public y croit, rigole et applaudit dans la chaleur de ce haut lieu du burlesque. Spectacle terminé, à la sortie de l’artiste des coulisses, le public ne le reconnaîtra pas. Il ne restera que quelques traces de maquillage sur le visage de Joëlle, l’artiste transformiste. Mais comment est-elle devenue, quelques soirs par semaine, ce beau moustachu ?
Année 2017, Joëlle a la trentaine et voit ses certitudes trembler. Originaire de Monaco, elle travaille depuis sept ans à Bruxelles en droit de la concurrence pour un des cabinets du …