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Acier trompé

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La Petite Frappe. CC BY-SA.

Enquête sur une déroute industrielle qui a coûté des centaines de millions d’euros à la Région wallonne. Pour rien, ou presque. Duferco, le sauveur de l’acier, s’est replié en Italie laissant des sols pollués, qu’il revend aujourd’hui chèrement aux pouvoirs publics wallons. Soupçons de corruption, abus de biens sociaux, atteinte à l’environnement : la justice belge ne sait plus où porter le fer.

Ils sont passés par la petite porte. Les négociateurs venus de Russie se faisaient annoncer au poste de garde filtrant de la rue des Rivaux, tout près du château des Boël, les anciens maîtres de La Louvière. Plusieurs allées et venues sur la pointe des pieds, pas vraiment « à la russe ». Sans lever le portique d’entrée et en évitant donc d’effaroucher les représentants des travailleurs. Dans l’acier, les syndicats se méfient de tout : des purges à l’emploi, d’autres méthodes de production et même, en l’occurrence, de Tchernobyl.

Cela se passe en 2006, juste avant la grande crise bancaire. Réunis au chevet de la sidérurgie hennuyère, les Russes de Novolipesk – on dira plutôt « NLMK » – et les Italiens de Duferco avec, à leur tête, Antonio Gozzi. Ils négocient à l’époque une joint-venture, un accord de coopération pour gérer ensemble Duferco. « Il professore » Gozzi avait bondi de nulle part, en 1997, pour sauver une partie de l’acier wallon, via la reprise des Forges de Clabecq. Pour un euro symbolique. Gozzi et Duferco avaient ensuite racheté les anciennes us­i­nes Gustave Boël de La Louvière (1999) et Carsid, à Charleroi (2001). D’un coup, les survivants de la sidérurgie belge étaient aux mains de deux hommes : Lakshmi Mittal, roi du bassin de Liège, et le professeur Gozzi, maître en Brabant et dans le Hainaut. Retour à l’âge d’or de l’acier ? Bof, on verrait bien…

L’urgence pour Duferco, c’était de trouver des brames de fer, du …

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