Adulte, un truc de vieux

Est-on suffisamment adulte à 16 ans pour avoir le droit de voter ? Le monde politique flamand vient de trancher : c’est non. Mais au fond, c’est quoi « être adulte » ? Et qui veut encore le devenir ? Serions-nous en train de comprendre que l’indépendance est une illusion ?
Ah, l’âge adulte, la plus grande déception de ma vie ! Officiellement, j’y suis entrée il y a 16 ans. Mais le grand moment auquel j’aspirais en étant enfant n’est pas encore venu. Ce fameux matin où je me lèverais dans la peau d’une autre, membre à part entière de la communauté des grandes personnes. Il m’arrive bien d’ouvrir l’œil d’une humeur gentiment mégalo, mais elle disparaît avant que j’aie quitté ma chambre, dès que je trébuche sur un pantalon ou une chaussette qui traîne et que je revois le regard désapprobateur de ma mère. (À mon âge, elle ramassait les vêtements de l’ado qu’elle avait déjà.)
Adolescente, je pensais que ma vie serait bien en ordre quand j’aurais 34 ans. Dans mon jeune cerveau, cela voulait dire boire du café (la boisson des adultes), être sûr de soi, ne pas connaître le doute, réciter l’Encyclopédie Britannica par cœur, et surtout savoir où on veut aller dans la vie. Que moi je n’en sois pas encore là, admettons. Mais que, dans mon entourage, une flopée de trentenaires bien tassés et de néo-quadragénaires pataugent tout autant (divorcer, entamer une nouvelle relation, y mettre fin et réessayer l’ancienne, douter de son orientation sexuelle, tomber enceinte par accident et ne pas savoir qu’en penser, changer de boulot indéfiniment, etc.), ça, c’est une vraie désillusion. Les cinq à dix années qui viennent ne me garantissent donc pas de devenir enfin adulte. Mais d’abord, l’âge adulte existe-t-il (encore) ?
Des critères dépassés
Après plusieurs …