9min

L’info Ctrl+c/Ctrl+v

À l’image du… Premier ministre, les communicateurs déguisent leurs messages en infos pré­- mâchées à coups d’interviews d’experts, de cas concrets, de dossiers de presse bien ficelés. Ces « infos » sont triées en fonction de l’intérêt de l’organisation qui désire se vendre. Car, comme le souligne une communicatrice, « l’entreprise a la liberté de ne pas tout dire, après tout ! » Danger, voici le prêt-à-publier.

Fin juin 2016, trois médias évo­quent le mauvais usage de la pilule du lendemain. Les femmes la considéreraient à tort comme un moyen d’avortement. Qu’est-ce qui justifie ce soudain tir groupé dans l’agenda médiatique ? Un pilule-boom dû à un produit défectueux ? Pas du tout, ces journaux relaient une étude sortie le même mois, an­nonçant un « état des lieux alarmant de la contraception orale d’urgence en Belgique ». Le texte bénéficie des commentaires d’une experte, la Dre Mireille Merckx. Elle commente l’étude et présente au passage les caractéristiques de produits vendus par HRA. HRA ? Le laboratoire commanditaire de l’étude en question, accessoirement… producteur desdites pilules du lendemain et du surlendemain (disponibles sans ordonnance). Aucun des quotidiens (Le Soir, L’Avenir et La Dernière Heure) couvrant le sujet ne mentionne ce « détail ». Et tous re­prennent les propos de l’experte livrés clé sur porte. Son analyse fait bien les affaires du labo en question : un meilleur usage de la pilule promet d’améliorer ses ventes.

Une étude, un médecin-expert, voire un site « informatif », et vlan : la préoccupation de votre entreprise se retrouve dans les journaux… Un phénomène qui « modèle la hiérarchie des sujets couverts médiatiquement (agenda-setting) mais aussi la hiérarchie des sujets traités par les décideurs politiques (agenda-building) », selon Nadège Broustau (ULB), chercheuse au sein du Groupe de recherche sur les mutations du journalisme (GRMJ).

La pratique n’est pas neuve, dit-elle, « mais ce qui …

Lire, en toute liberté

Cet article semble vous intéresser. Vous pouvez lire la suite à votre aise : c’est un cadeau. Nos contenus doivent être accessibles au plus grand nombre. La période d’essai d’un mois, gratuite et sans engagement, est également faite pour cela. Cependant, nous avons besoin d’être financés pour continuer notre projet. Si vous trouvez notre travail important, n’hésitez pas : abonnez-vous à Médor.

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3579 abonnés et 2019 coopérateurs

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus