La bonne dame et la p’tite stagiaire
Enquête (CC BY-NC-ND) : Chloé Andries
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Choisir une semaine lambda. Consigner, au fur et à mesure, le sexisme vécu au féminin. Dans les détails du quotidien. Voici le résultat des courses, d’une violente banalité.
Lundi
Dans le train Bruxelles-Tournai, une femme est assise avec ses deux enfants, un garçon et une fille. Ils doivent avoir 7 ou 8 ans. Je les remarque parce qu’ils font un bruit monstre en ouvrant leurs paquets de gâteaux. Ils descendent à Ath. Quand le train entre en gare, la mère alpague la gamine : « Aide-moi à ranger. » La petite ramasse les briques de jus et les paquets de gâteaux, qu’elle refile à sa mère. Le garçon n’en fait pas une. Enfin si, il s’est levé pour descendre du train.
Mardi
Ce matin, j’ai fait les courses chez Carrefour. Entre midi et deux. En chargeant un pack d’eau minérale dans mon caddie, j’en fais tomber un autre. Un employé surgit dans le rayon pour m’aider à le ramasser. Je souris, le remercie. Son collègue accourt et balance : « Ah la bonne dame, elle a fait tomber de l’eau ? C’est pas bien. Il est où le fouet ? Mouahahah [rires gras]. » Je change vite fait de rayon.
À 14 heures, rendez-vous à la banque avec mon compagnon pour un projet de crédit immobilier. Le banquier nous précède dans le couloir et lance, guilleret : « Je vais chercher ma petite collègue et j’arrive. » Je lui réponds : « Ah bon, elle a un problème de taille ? » Gêné, le « conseiller » bredouille l’air sincère que non, c’est parce qu’elle est stagiaire. De mon côté, tout aussi gênée, je me demande si j’aurais …