12min

Messes basses

coeurfondok.png
Emilie Seron. Tous droits réservés.

Le curé des Marolles, Jacques Van der Biest, est décédé en mai 2016 à l’âge de 86 ans. Grand défenseur des pauvres, il laisse des paroissiens inconsolables. Qui sera leur nouveau berger ? Le curé congolais, imposé par l’archevêché, ou le traditionaliste et ses chants en latin ? Guéguerre de clochers.

moutonsfondok.png
Emilie Seron. Tous droits réservés

Comme tous les dimanches, Arlette a pris ses quartiers devant l’église des Minimes, au cœur des Marolles à Bruxelles. Assise sur une chaise, dos à la porte, elle attend que la messe s’achève sans piper mot, espérant que les fidèles de 9 h 30 se montrent suffisamment généreux pour garnir son gobelet de quelques pièces jaunes à la sortie. Voilà près d’une heure trente que la célébration est en cours. Une heure trente de chants, en latin, avec un curé qui tourne le dos à l’assemblée, dont l’homélie du jour était consacrée au péché originel et aux instincts à même de détourner les chrétiens du droit chemin spirituel.

Arlette n’a rien entendu de ce sermon. Elle ne met d’ailleurs plus un pied dans l’église, depuis que l’abbé Hygonnet – le curé de 9 h 30 – y a chassé les chiens. Assimilé à un acte de guerre, ce geste l’a fait sortir de ses gonds. Et c’est désormais un chapelet d’insultes qu’Arlette marmonne dans sa barbe, chaque fois que l’homme en soutane a le malheur de croiser son chemin. « C’est un sale type, justifie-t-elle. Je lui ai dit : “si tu n’aimes pas les bêtes, c’est que tu ne t’aimes pas toi-même”. » Prenant Dieu à témoin, qui envoyait autrefois des pigeons dans le clocher, Arlette annonce alors cette inquiétante prophétie : « Depuis qu’il est là, les pigeons sont partis. Maintenant, ce sont des corbeaux qui viennent. Je lui ai dit : …

Lire, en toute liberté

Cet article semble vous intéresser. Vous pouvez lire la suite à votre aise : c’est un cadeau. Nos contenus doivent être accessibles au plus grand nombre. La période d’essai d’un mois, gratuite et sans engagement, est également faite pour cela. Cependant, nous avons besoin d’être financés pour continuer notre projet. Si vous trouvez notre travail important, n’hésitez pas : abonnez-vous à Médor.

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3474 abonnés et 1875 coopérateurs

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus